DEUX JOURS sur l'AUBRAC, 2025

Sur la place de la mairie, girouette représentant la Bête du Gévaudan qui tient les armes de la commune d' Aumont-Aubrac




L'Aubrac se partage entre trois départements, l'Aveyron, la Lozère et le Cantal qui se rencontrent à la croix des Trois-Évêques, érigée en 1238. C'est un plateau granitique recouvert dans sa partie centrale par d'épaisses couches de basalte. Il a une altitude moyenne de 1200 m et culmine au Signal de Mailhebiau à 1471 m.
Il a été un lieu de passage obligatoire mais redouté : on peut encore voir des traces de la voie romaine qui reliait Lyon à Toulouse par Javols en Margeride, première capitale du Gévaudan.
Ce fut ensuite une rude étape pour les pèlerins qui avaient choisi d'aller à Saint-Jacques-de-Compostelle à partir du Puy. Les restes de la Dômerie d'Aubrac rappelle cette longue période qui vit passer des voyageurs de toute l'Europe, mus souvent par la dévotion, parfois par l'errance, mais qui tous avaient bien besoin d'un lieu d'accueil et de réconfort.
L'activité principale de l'Aubrac est l'agriculture  et plus particulièrement l'élevage bovin pour la production de viande et de lait. Ce dernier est essentiellement destiné à la fabrication de fromage  et du célèbre aligot, spécialité du plateau, nourriture des bergers pendant l'été à base de fromage frais (la tome) et de purée de pommes de terre.
La densité de population est faible (4 habitants au km2) et l'habitat assez dispersé, est formé de villages ou de petits hameaux blottis en général dans une combe à l'abri du vent du nord.
Marie-Philippe de Beauregard



                                    Figure du monstre qui désola le Gévaudan

Le Gévaudan, ancienne province royale du Languedoc, caractérisé par des plateaux sauvages, des forêts denses et de nombreux ruisseaux est surtout connu pour l'affaire de la bête du Gévaudan, un animal légendaire qui terrorisa la région entre 1764 et 1767, tuant des dizaines de personnes. Les témoins décrivaient un animal de grande taille, plus imposant qu'un loup ordinaire, doté d'une gueule large et de griffes puissantes dont l'identité a toujours été un mystère. La bête a finalement été abattue en 1767 par un paysan du nom de Jean Chastel. 
Le Gévaudan est aussi connu pour ses villages de caractère comme Gabrias, Montrodat et Saint-Léger-de-Peyre.



                                   Gravure allemande au moment des événements








Un peu d'histoire sur ce petit coin de France

La conquête romaine fonde une capitale à Javols. Une grande voie romaine, la célèbre voie d'Agrippa qui joignait Lyon à Toulouse par la Margeride et l'Aubrac emprunte ses terrains. À ce carrefour font halte les Légions de César, les caravanes de commerce s'entrecroisent, passent aussi de somptueux cortèges, les "Grands" de l'époque.
La ruine de Javols par les barbares au IIIème siècle sema la désolation dans tous les environs, le petit castrum d'Aumont laborieusement édifié connaît l'ombre et l'oubli de l'histoire. Deux facteurs vont lui redonner vitalité et importance : 
1) c'est l'ère des grands pèlerinages, le plus connu des "Chemins de Saint-Jacques de Compostelle venant du Puy rencontre Aumont sur son passage. Avant d'aborder la plus redoutable étape, celle des monts d'Aubrac où les brigands rançonnent et où hurlent les loups, les pèlerins cherchent là un relais qui leur donne courage. 
Le second facteur de cette évolution qui donne à Aumont son visage actuel, c'est la montée en flèche de la Baronie de Peyre, la plus importante des huit du Gévaudan. Sur ces hauts lieux, à près de 1200 m d'altitude, la forteresse accrochée aux flancs du roc surveille le territoire des soixante paroisses qui constituent son fief. 
Entre 1356 et 1442, le Gévaudan est ravagé par les Anglais pendant la Guerre de Cent Ans, et au départ des Anglais par les troupes de "Routiers" (Bertrand du Guesclin). En 1422, les Bourguignons saccagent les terres de la Baronie de Peyre, partisan des Armagnac.
Entre 1560 et 1588, une guerre sans merci entre Protestants et Catholiques ruine une prospérité à peine retrouvée. Les protestants ravagèrent l'église d'Aumont et la laissèrent en partie détruite. 
Au XVIIIème siècle, l'église ne souffre pas de la guerre entre Protestants et Catholiques (guerre des Camisards 1702-1704). Au coeur de la période révolutionnaire de 1789, le clocher est démoli jusqu'au toit de la nef. Il sera reconstruit en 1802. 
Cl. Aigouy, Office du Tourisme, extraits d'une brochure.












Une croix très ancienne, "La Crous del l'Houstalet" actuellement dans une loge sur la face est de l'église était jadis placée au carrefour des voies romaines.


















Quelques rares vestiges portent la signature d'une lointaine époque. Par exemple, dans la rue de l'église, une "PEYRE" qu'on dit mystérieuse, un motif de "grecques" finement gravé, décoration très mérovingienne. Pour certains, les symboles seraient les suivants : les quatre points cardinaux, - les quatre saisons, - ou les quatre âges : cycle de la vie (enfance, jeunesse, âge adulte, vieillesse). D'après les dernières recherches, cette pierre qui garde bien des secrets aurait un lien avec l'ancien prieuré et représenterait plutôt le trigramme JHS (Jésus Hominum Salvator)









J'ai pris mon petit-déjeuner ce matin à Aumont-Aubrac pendant que défilaient les pèlerins en chemin vers Compostelle. J'ai dû en voir au bas mot deux douzaines en l'espace d'une demi heure. L'autoroute ! Voilà qui explique les difficultés que j'éprouve à trouver de l'hébergement  que ce soit en chambre d'hôte ou en gite d'étape même si mon circuit est sur un GR de pays un peu à l'écart du camino. Je me trouve ce soir à l'hôtel du Lion d'Or à Saint - Chély d'Apcher. J'ai une réservation pour demain soir, à l'hôtel aussi, à Fournels. Rendu là, j'aviserai quant à la suite des choses ...















































... Un peu orageux et sous la pluie une bonne partie de cette belle étape. À Nozières, au Chambon, aux Bessons, à la Roueyre, je n'ai vu âme qui vive. Pas de souci, je suis blindé.













                                                              Les Bessons


J'ai capitulé une fois rendu à Saint-Chély-d'Apcher et ai annulé ma réservation à Fournels. J'ai pris un train pour Paris puis un aller simple pour Athènes.
Je veux voir les Météores

L'univers m'appartient tout entier,
j'appartiens tout entier à l'univers.

Peter Matthiessen, Le léopard des neiges (1978)
l'Imaginaire, Gallimard



"Moi je suis Peau-Rouge, ventre bleu, tête d'or... je pars, je fous le camp, je prends le maquis... le maquis de l'âme" !
Joseph Delteil


"Et le voyage continue"...
"And the journey continues"...

nomadensolo@gmail.com

1 commentaire:

Anonyme a dit…

So clearly, unmistakably France, and so beautiful. Won't forget the story about the cow following you any time soon. :)