RANDONNÉE en OCCITANIE


De Gaillac jusqu'à St-Cirq-Lapopie par le GR36, avec incursions dans les départements du Tarn, du Tarn-et-Garonne, de l'Aveyron et du Lot , et avec les étapes suivantes: Gaillac, Cahuzac-sur-Vère, Cordes-sur-Ciel, Laguépie, Monteils, Villefranche-de-Rouergue, Limogne-en-Quercy, Saint-Cirq-Lapopie, Marcilhac-sur-Célé, Corn, et La Cassagnolle, je rejoins Figeac (de St-Cirq-Lapopie par le GR651), toujours aussi émerveillé par l'incomparable patrimoine et par l'Histoire de ce pays.

Comment pourrait-il en être autrement avec 42 967 monuments historiques protégés au titre des Monuments historiques, 14 344 monuments classés, 28 623 monuments inscrits, 2 160 parcs et jardins protégés au titre des Monuments historiques, 130 000 objets classés au titre des Monuments historiques, 97 secteurs sauvegardés, 610 Zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager, 2 250 sites appartenant au réseau des Conservatoires d'espaces naturels gérant plus de 140 000 ha et 124 Villes et Pays d'art et d'histoire ?


L'histoire du vignoble Gaillacois commence au néolithique où la vigne pousse à l'état sauvage sur les berges du Tarn. Le poète Ausone (310-395) proche de l'empereur Gratien, est formel, les empereurs romains buvaient du Gaillac. Henri VIII d'Angleterre s'en régale. François Ier et Henri IV aussi (au retour de captivité après Pavie, François Ier vient même en boire sur place).
La reconnaissance administrative (accès à l'AOC) est venue en deux temps, en 1938 pour les blancs puis en 1970 pour les rouges.
Les deux sont à mon goût !

     Sur le GR 36.          Derrière les arbres se cache le hameau de Laborie (Tarn) 
















Cette porte faisait partie du château de Cahuzac-sur-Vère. Elle représente le dernier témoin de son existence et constitue l'un des documents architecturaux le plus ancien du village. Elle figure au cadastre de 1452, là où il est indiqué: "lou castel" et transformé en maison d'habitation par la suite : "oustal  de Jehan Testas"



mon gîte pour une nuit au camping "Le Soleil des Bastides" à Cahuzac-sur-Vère



















               
                             Cordes-sur-Ciel, ville médiévale assise sur un éperon rocheux
                         
Cordes-sur-Ciel est considérée comme l'une des premières  "bastides" de la région. Son origine remonte au Moyen-Âge, en pleine croisade contre les Albigeois. Durant cette période de troubles inhérents à la répression des "Français" du nord et de l'église catholique contre les Cathares accusés d'hérésie, le jeune comte de Toulouse Raymond VII officialise le 4 novembre 1222, dans un acte toujours conservé, la fondation de la cité.

Belle étape au Gîte Ahuti, 12 Grand Rue de l'Horloge à Cordes-sur-Ciel, si gentiment accueilli par Michel, artiste-peintre spécialisé dans le portrait et l'aquarelle et qui plus est, bon cuisinier !
Agréable soirée à discuter pendant le dîner de choses et d'autres...
ahuti.gite@orange.fr





                                Camille Pissarro (1830-1903)






    ancienne forteresse féodale à Laguépie (Tarn-et-Garonne)

    l'Aveyron





    GR 36 longeant l'Aveyron depuis Laguépie (Tarn-et-Garonne) en chemin pour Najac (Aveyron)

   l'Aveyron


   Najac



D'origine gallo-romaine, la place fut le fief des Comtes de Toulouse au XIIe siècle. Détruit au temps de la croisade contre les albigeois, le bourg a été réaménagé par Alphonse de Poitiers, frère de St Louis et élevé au rang de bastide. Le château, surplombant la rivière de 150 m, fut agrandi et construit en seulement dix ans (1250-1260). C'est une parfaite production de l'architecture militaire du Moyen-Âge. À la Révolution, le château fut livré au pillage mais heureusement sauvé de la destruction. Le faubourg dit "Quartier Haut"s'allonge de part et d'autre d'une rue unique sur une colline dominant la vallée.

    la forteresse de Najac


    Le pont Saint Blaise
Sa construction (1259-1274) a été initiée par les Consuls de Najac afin de favoriser la circulation des marchands et des pèlerins, le transport des matériaux de construction (l'église St Jean s'édifiait alors avec du grès de Mazerolles...) Long de 70,50 m, il comportait initialement quatre arches et présentait un profil en dos d'âne. Sa deuxième arche a été rebâtie sous l'Ancien Régime et la troisième après 1825.



                                                                           le pèlerin et le diable (musée Fenaille), Rodez




    Najac


parvis de l'église Saint-Jean-l'Évangéliste
L'Église fut construite au début du XIVe siècle sur ordre de l'Inquisition.
Ainsi les habitants de Najac payèrent lourdement leur conversion au catharisme.




borne milliaire en grès provenant de Rodez
251-253 après J.-C.



Dans la piété du Moyen-Âge, le pèlerinage vers les lieux saints et les reliques des martyrs qu'ils abritent est un acte essentiel de la vie des croyants. Dès le IVe siècle, les pèlerinages se développent. D'abord vers Rome et les premiers martyrs chrétiens (saint Pierre, saint Paul), puis vers Jérusalem, lieu de la vie et de la Passion du Christ.
Vers 830, les reliques de l'apôtre Jacques sont miraculeusement découvertes à Compostelle (Galice). Les difficultés rencontrées par les chrétiens pour se rendre en Terre Sainte, ainsi que le symbole que l'apôtre Jacques représente dans la Reconquista (reconquête chrétienne des territoires musulmans en Espagne) vont lancer sur les chemins des foules d'hommes et de femmes de toutes conditions vers Saint-Jacques-de-Compostelle.


Il existait un autre moyen d'acquérir l'amitié de Dieu et des puissances qui siègent à sa cour, une autre façon de se dépouiller mais qui demandait davantage au corps et à l'âme: c'était le pèlerinage. Sortir du groupe familial, de la maison, ce refuge. Affronter l'insécurité qui commençait franchi le seuil. S'en aller pour des mois, traverser des villages hostiles, pouvait-on concevoir plus valeureuse offrande au Seigneur et à ses saints dont on partait visiter le tombeau? Le pèlerinage fut la plus parfaite et la mieux reçue des formes d'ascèse que le christianisme héroïsé du XIe siècle proposait aux chevaliers anxieux de leur salut. Il était pénitence: à ceux qui publiquement faisaient l'aveu de fautes exceptionnelles, l'évêque l'imposait comme un instrument de purification... 

Ces tournées se disposaient en étapes successives, jalonnées par des sanctuaires à reliques. Lorsqu'il voulut se préparer à la mort, le roi Robert, pendant le Carême, partit avec sa cour rendre ses devoirs aux saints "unis à lui dans le service de Dieu"; un long périple le conduisit à Bourges, à Souvigny, à Brioude, à Saint-Gilles du Gard, à Castres, à Toulouse, à Sainte-Foy de Conques, à Saint-Géraud d'Aurillac. Quel amateur d'art roman ne choisirait pas aujourd'hui le même itinéraire? 
Georges Duby, Le Temps des cathédrales, Le monastère, 2) Les Féodaux.
Robert II, dit le Pieux, roi de France de 996 à 1031


Georges Duby (1919-1996) est un universitaire et historien français. Spécialiste du Moyen-Âge, il est membre de l'Académie française et professeur au Collège de France de 1970 à 1991.


    la forteresse de Najac




Monteils (Aveyron)

Village très ancien à l'entrée des gorges de l'Aveyron. Malgré les fortifications, l'église et le bourg furent pillés par les Protestants en 1561.
Cité aux maisons pittoresques dans un ensemble fleuri avec goût mettant en valeur les terrasses, les portes, les escaliers. Les toits de tuile et d'ardoise reflètent Rouergue et Quercy.







      Le couvent de Monteils

Construit de 1886 à 1888, inauguré en 1889, il abrite une communauté de soeurs Dominicaines.
Plusieurs chambres sont disponibles en pension complète ou demi-pension. Randonneur, pèlerin ou non, vous y serez chaleureusement accueilli.



Du caractère, l'Aveyron n'en manque pas. Dans ce paysage du sud du Massif central marqué par un relief de plateaux, de vallées et de gorges, s'épanouissent des bourgs anciens, bâtis sur des crêtes rocheuses. Le territoire qui épouse les contours de l'ancienne province du Rouergue, ne possède pas moins de dix sites classés "plus beaux villages de France"






     Poursuivant sur le GR 36 en direction de Villefranche-de-Rouergue.


Une caselle

Il y en aurait plus d'une centaine dans l'ensemble du Quercy. Construites en pierre sèche, (sans mortier ni charpente), elles sont le plus souvent isolées dans les champs, les pacages ou les bois et ont pour fonction d'abriter le berger des intempéries, d'y ranger les outils agricoles, de servir de lieu de repos pour le paysan harassé par le pénible travail des champs.


                                   lieu-dit "Tempouret"













                                  la "Perle du Rouergue"


                                                      la Collégiale Notre Dame


Deux siècles et demi de travaux ont été nécessaires à la conduite de ce chantier commencé en 1260 et interrompu à plusieurs reprises par des épidémies de peste et des problèmes de financement. Pendant la Révolution, l'édifice est transformé en Temple de la Raison puis sert à entreposer du fourrage.
Un clocher-porche, haut de 58m dans lequel j'ai pu monter en cette Journée du Patrimoine pour y voir le carillonneur à ses claviers, domine l'édifice.



    En répétition pour le concert ce soir à 17h30



             Concert dans la Collégiale Notre Dame à l'occasion de la Journée du Patrimoine






    Les bastides du Rouergue


Au milieu du XIII e siècle, la croissance démographique, la nécessité de mettre en valeur les terres et d'organiser la vie sociale et les échanges économiques incitent seigneurs, évêques et rois à développer une véritable politique d'aménagement du territoire. Ainsi naissent dans le Sud-Ouest, pendant une période de 150 ans (1229-1373) plus de 300 bastides... Ces villages, ces bourgs et ces villes qui s'organisent autour d'une place de marché bordées d'arcades et de couverts adoptent un plan d'urbanisme en damier où alternent rues et ruelles.








Haut-lieu de Lugagnac, haut-lieu d'hier et d'aujourd'hui. Depuis qu'il a retrouvé des ailes grâce aux soins de la municipalité, le moulin est comme un phare visible de tous les alentours. Quant à la petite chapelle, s'assoir un instant sur les bancs de pierre qui la flanquent de chaque côté de la porte permet de se reposer tout en repérant, dans le lointain et par beau temps, les Monts d'Auvergne. Dans le passé, moudre le grain était indispensable, chaque famille devant faire son pain quotidien, les fours, nombreux dans le village, sont un élément important du patrimoine de Lugagnac. Datant de plusieurs siècles, ce moulin-tour coiffé de son toît et d'ailes en bois offrait ses services au vent... et aux habitants.



Dans le passé, la chapelle aussi avait une place importante dans la vie du village. Dédiée à Notre-Dame des Sept Douleurs, elle apportait réconfort et soutien. Les charretiers et les muletiers s'y arrêtaient pour donner un peu de repos à leurs bêtes en haut de la côte du Coustalou, et, jusqu'au milieu du XXème siècle, des prières étaient adressées à la Sainte-Vierge pour que la pluie vienne réduire la sécheresse quand celle-ci sévissait. Construite en 1740 sur l'emplacement d'un ancien dolmen, restaurée en 1859, elle offre au regard son magnifique toit de lauzes, une entrée en arc surbaissé et, à l'intérieur, un haut bénitier de pierre auquel on a accès du dehors grâce à un trou rond ; passer la main par celui-ci permettait de se signer mais aussi de donner quelques pièces en offrande - ou de les recueillir ! À l'intérieur, autrefois se trouvait un autel surmonté d'une statue en bois polychrome qui aurait été doré à la feuille d'or ; aujourd'hui, une belle image de la Vierge Marie soutenant son fils sur ses genoux et les multiples remerciements de ceux dont les voeux ont été exaucés ornent les murs.












St Cirq-Lapopie


Bordé par le Massif central et l'Aquitaine, le Quercy englobe le Lot et la partie septentrionale du Tarn-et-Garonne, et fait des incursions en Dordogne, en Corrèze et en Aveyron. C'est le règne des Causses, vastes plateaux calcaires blancs et jurassiques, recouverts de pelouses sèches et entaillés de murets de pierre. Au XVIe siècle, la révolte des "croquants" (paysans) provoquée par le retour de la gabelle enflamma les esprits comme le vent d'autan... Ce vent sec et chaud s'engouffre dans les vallées, souffle en rafales violentes. Sur 1757 km2, le Parc naturel régional des Causses du Quercy déroule ses collines boisées et ses canyons, tandis que l'eau, toujours proche, joue en souterrain, ruisselant dans un vaste réseau de galeries.



Perché au-dessus de la rivière Lot, ce village médiéval, élu village préféré des français en 2012 épouse la paroi rocheuse à cent mètres au dessus de la rivière et se déroule en une cascade de ruelles pavées,  de portes fortifiées. Le poète et écrivain André Breton (1896-1966), le "pape du surréalisme " fut celui qui fit connaître St Cirq-Lapopie (où il s'ennuie d'ailleurs quand il n'a personne à qui parler). À propos de ce village où il s'installe à demeure, il déclara :"J'ai cessé de me désirer ailleurs"

















Vallée du Célé






la tour du château de Cabrerets

   Cabrerets




Située dans la commune de Cabrerets sur une colline surplombant le village et les vallées de la Sagne et du Célé, cette grotte préhistorique, site majeur de l'art paléolithique européen, fut découverte en 1922 par trois adolescents sensibilisés à la spéléologie et à la préhistoire par l'abbé Lemozi, curé du village.
Dans la vaste caverne qui s'étend sur deux kilomètres, trois cents mètres de galeries sont ornés de peintures et de gravures. Une datation directe au carbone 14 a été effectuée. Ces peintures rupestres auraient 29 000 ans.








Les falaises rythment les méandres de la Vallée du Célé et soulignent son entaille à travers le plateau du Causse. Elles donnent à lire le long travail de sédimentation des roches calcaires. Ces parois majestueuses ont de tout temps servi de refuge, des abris sous roche préhistoriques aux fortifications du Moyen-Âge.
Les vallées du Lot et du Célé se distinguent par les châteaux des Anglais, ces vigies inaccessibles à la fois refuges et postes de surveillance lors des périodes troublées, notamment pendant la Guerre de Cent ans qui opposa Français et Anglais.

vue du château de Cabrerets en montant vers la grotte de Pech Merle



    Marcilhac-sur-Célé










                             le Célé

           
           sur le GR 651,longeant la superbe vallée du Célé ... en chemin pour Marcilhac-sur-Célé









la liberté est dans le mouvement






Lové au creux d'un méandre, Espagnac Sainte-Eulalie a conservé la quiétude de son ancien prieuré de Val Paradis couronné d'un clocher exceptionnel. On peut y voir aussi les imposants vestiges de l'abbaye à l'histoire tourmentée depuis le XIIIe siècle.








clocher de l'église de Corn











                                café à Béduer (Lot)




Au XIVe siècle, la peste, la Guerre de Cent ans, des périodes de disette, ont dépeuplé le village, à tel point qu'en 1394, il n'y avait pratiquement plus d'habitants à Faycelles. À partir du XVe siècle, la population croît régulièrement, franchissant le cap des 1000 habitants en 1785. Le maximum sera atteint en 1840 où Faycelles comptera 1241 âmes. Aujourd'hui, la population est d'environ 650 habitants.

    
Restaurant La Grillade à Faycelles. Excellent cassoulet, plat du jour que je déguste en compagnie d'un randonneur Australien, lui aussi affamé et rencontré sur la place alors que les cloches carillonnaient midi






                Après une nuit passée au gîle au lieu-dit "La Cassagnole, j'approche de Figeac






    l'église Saint-Sauveur de Figeac




ruelles à Figeac (Lot)


    Figeac





Visite au Musée Champollion à Figeac

Jean-François Champollion (1790-1832)

Ce fils d'un libraire de Figeac grandit au milieu des livres et fit preuve d'une extraordinaire précocité.
De 1807 à 1809, il est à Paris, suit des cours de perse, de sanskrit, d'arabe.
Il déchiffra le premier les hiéroglyphes égyptiens.

À son frère, il écrit un jour...

"Envoie-moi un livre, je ne sais que faire après avoir fait mes devoirs de latin et étudié l'hébreu, le syriaque et le chaldéen"





Et le voyage continue...
And the journey continues...

nomadensolo@gmail.com




3 commentaires:

Gildas Philippe a dit…

Merveilleux. Les mots ne suffisent plus.
Quel pays extraordinaire!
Merci pour ce voyage virtuel.

Anonyme a dit…

Superbe ! Comme toujours .

hugues maltais a dit…

espère y parcourir quelques kilomètres bientôt
Hugues