PATMOS


                                                       Les moulins à vent de Patmos



                                 PATMOS


Patmos, dernier bastion de la chrétienté avant les terres d'Islam est une petite île idyllique du Dodécanèse, entourée de nombreux îlots et d'une mer limpide d'un bleu profond. D'une superficie de 34 km2, sa population compte aujourd'hui à peine 3000 habitants. De Bodrum sur la côte turque, j'ai pris un ferry pour Kos où j'ai passé quelques jours, puis un autre pour Skala, port principal de l'île de Patmos avec courtes escales à Kalymnos, Leros, et Lipsi.
 


                                                                       l'île de Patmos






passager de Kalymnos


La mer Égée fut le théâtre d'activité de pirates dès l'âge du Bronze. Des îles Égéennes, comme Skyros au Ve siècle av. J.-C. , offraient en effet des points de refuge idéaux pour les bandits de la mer. Le problème empira à l'époque hellénistique, lorsque les côtes orientales de la Crète devinrent le nid de pirates redoutables qui ne furent éliminés que par Rome au Ier siècle av. J.-C. .
extrait de : Vivre avec les pirates au XIIe-XIIIe siècles. L'exemple de Patmos,  Maria Gerolymatou



L'imposante construction du monastère avec ses allures de forteresse et ses murs de 15 mètres de haut domine l'île. C'est entre ces murs que les Patmiens trouvèrent refuge lors d'attaques de pirates. Construit sur cinq niveaux, le monastère est un véritable labyrinthe.



Le monastère de Saint Jean-le-Théologien

Le monastère de Patmos fut fondé par Christodoulos, un moine natif de Bithynie, chassé de Palestine puis d'Anatolie par l'avancée des Turcs. En avril 1088, il reçut de l'empereur Alexis Ier Komnènos l'île de Patmos, en pleine propriété et libre de toute obligation fiscale : elle était alors désertée et à l'abandon, mais potentiellement exploitable et riche du souvenir de l'Évangéliste qui y avait composé l'Apocalypse. La fondation bénéficiait d'augustes patronages : plusieurs membres de la nouvelle dynastie soutinrent le projet de Christodoulos ou s'intéressèrent à son établissement. Les débuts furent pourtant difficiles, voire catastrophiques : les Turcs menaçaient l'île et le régime strict que Christodoulos prétendait y établir mécontentait une grande partie de ses moines, qui l'abandonnèrent. Il est vrai que certains de ses préceptes menaçaient la viabilité même de sa fondation : son projet initial prétendait, sur le modèle athonite, bannir de l' île laïcs mariés, femmes, adolescents et eunuques, le travail n'étant assuré que par des laïcs célibataires. Les candidats ne paraissent pas s'être bousculés, aussi dut-il se résoudre à permettre la présence des familles, cantonnées dans le nord de l'île...
Rendu à plus de réalisme dans sa gestion domaniale, débarrassé de la menace turque par la reconquête byzantine en Anatolie, le monastère connut une incontestable prospérité au XIIe siècle, notamment grâce aux productions et aux revenus de sa vingtaine de dépendances dans les îles avoisinantes, en Asie Mineure et en Crète (...)
 Une nouvelle campagne de construction à la fin du siècle témoigne de ce moment d'opulence : elle embellit des bâtiments à l'origine tristement fonctionnels. Le monastère conservait pourtant l'aspect extérieur qui est encore le sien aujourd'hui : celui d'une austère forteresse, refuge contre les dangers venus de la mer (...)
En septembre 1191, c'est en pèlerin que le roi de France Philippe Auguste fit escale à Patmos où il offrit un don important en numéraire.

Extrait de : L'Apocalypse et le sens des affaires. Les moines de Saint Jean de Patmos, leurs activités économiques et leurs relations avec les Latins (XIIIe et XIVe siècles) Guillaume Saint-Guillain.



















La bibliothèque du monastère est l'une des plus riches de la mer Méditerranée et une source importante d'information. Elle abrite des trésors tels que des manuscrits et des documents très anciens comme le Codex 67 dit le "Codex Pourpre" (début du VIe siècle), une des plus vieilles copies de l'Évangile de Saint Marc jamais retrouvé. Le Monastère de Patmos possède 33 pages de ce Codex.
























                                                          Les Quarante martyrs de Sébaste

Les Quarante martyrs de Sébaste étaient des soldats de la douzième Légion en garnison à Mélitène en Arménie romaine. Pendant la "persécution de Licinius", ils refusèrent, malgré la souffrance qui leur fut infligée, de renier leur foi chrétienne. 


Le musée contient une grande partie du trésor du Monastère ainsi que des icônes d'une valeur inestimable comme l'icône - mosaïque de Saint Nicholas datant du XIe siècle. 
Dans une nouvelle aile du musée se trouvent des collections datant des époques hellénistique, romaine, paléochrétienne et byzantine


                                                              tête d'une statue de Dyonisos






La grotte de l'Apocalypse


La tradition nous apprend que c'est dans la Grotte de l'Apocalypse que Dieu accorda à Saint Jean-le-Théologien la vision de la fin du monde et lui dicta le texte du dernier livre du Nouveau Testament.


Moi Jean votre frère, votre compagnon d'affliction, de règne et de résistance en Jésus, j'ai été dans l'île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. J'ai été en esprit au jour seigneurial et j'ai entendu derrière moi une grande voix comme de trompette qui disait : Ce que tu vois écris-le dans un livre et envoie-le aux sept églises, Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée.

Apocalypse, I, 9-11






Fils d'un petit patron de pêche de Bethsaïde, sur le lac de Tibériade, et cousin germain de Jésus par sa mère, Jean, d'abord disciple du Baptiste, fut l'un des douze apôtres du Christ. (...) Il semble qu'il ait quitté la Palestine pour la région d'Antioche et finalement pour l'Asie proconsulaire. Déporté un temps à l'île de Patmos (sous le règne de Domitien -81-96-), il survécut aux autres apôtres et mourut de vieillesse à Éphèse vers la fin du Ier siècle.
Jean Grosjean


Paysage avec Saint Jean à Patmos, Chicago Art Institute
Nicolas Poussin (1594-1665)


                                                         Saint Jean l'Évangéliste à Patmos
                                                            Tobias Verhaecht (1561-1631)













                                     Chora

Chora, le chef-lieu de l'île est une bourgade moyenâgeuse, caractérisée par une architecture exceptionnelle, des maisons de maître d'un blanc lumineux et des constructions typiques de la Mer Égée qui entourent le Monastère de Saint Jean. Elle est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO













                              Skala, un village portuaire, la plus grande agglomération de Patmos








































l'île d'Icarie en arrière-plan

















                                                               Odysséas Elytis (1911-1996)
                                                           Prix Nobel de littérature en 1979

Buveur de soleil ! Tout Elytis est dans ce mot qui surgit déjà dans un poème des années de guerre. Une part essentielle de son oeuvre emprunte toute sa luminosité aux paysages des Cyclades, à la prodigalité du soleil, à l'ivresse de l'écume, au vertige des façades immaculées (...) L'Égée, le soleil, la lumière, le vent, la mer n'ont cessé d'habiter toute sa vie ses émotions, ses joies et ses poèmes comme autant d'illuminations successives.  Jacques Lacarrière 


Comme langue on m'a donné le parlé grec,
Comme maison un pauvre abri sur les syrthes d'Homère.
Mon unique souci, cette langue bâtie sur les syrthes d'Homère
Là-bas sont sargues et perches, verbes qui vibrent sous le vent
Soulevant leurs verdeurs à travers l'azur.
Tant que j'ai vu dans mes entrailles s'allumer éponges et méduses
Avec les premiers hymnes des Sirènes
Coquilles d'or rose avec leurs premières fièvres noires.
Mon unique souci cette langue avec ses premières fièvres noires.
Là-bas sont dieux basanés, cognassiers, grenadiers, cognats et gens associés
Versant l'huile translucide au fond des gigantesques jarres,
Et souffles divins qui montent des ravins fleurant bon la lentisque et l'osier,
Les gingembres et les genêts avec les premiers pépiements des pinsons,
Antienne douce avec les tout premiers premiers Gloria!
Mon unique souci cette langue avec ses tout premiers premiers Gloria!
Là-bas sont lauriers et palmes, louanges et encensements
Bénissant nos combats et nos vieux fusils trop longs.
Sur le sol, comme nappé d'une mantille de vignes, 
Grils d'agneaux, chocs d'oeufs durs
"Christ est ressuscité" avec les premières salves des hellènes.
Mystiques amours avec les premières phrases de l'hymne.
Mon unique souci cette langue, avec les premières phrases de l'hymne!





































                                                                       calamars frits




                                                                purée d'aubergines, on se régale.



Et le voyage continue ...
And the journey continues ...

nomadensolo@gmail.com

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