INDRE et INDRE-et-LOIRE




   
  NOHANT (Indre)

   Au pays de George Sand


      
     l'église Sainte-Anne (XIe et XIIe siècles)


"Je dirai quelques mots de cette terre de Nohant où j'ai été élevée, où j'ai passé presque toute ma vie et où je souhaiterais pouvoir mourir.
Le revenu en est peu considérable, l'habitation est simple et commode. Le pays est sans beauté, bien que situé au centre de la vallée Noire, qui est un vaste et admirable site. Mais précisément cette position centrale dans la partie la plus nivelée et la moins élevée du pays, dans une large veine de terres à froment, nous prive des accidents variés et du coup d'oeil étendu dont on jouit sur les hauteurs et sur les pentes. Nous avons pourtant de grands horizons bleus et quelque mouvement de terrain autour de nous, et, en comparaison de la Beauce et de la Brie, c'est une vue magnifique; mais, en comparaison des ravissants détails que nous trouvons en descendant jusqu'au lit caché de la rivière, à un quart de lieue de notre porte, et des riantes perspectives que nous embrassons en montant sur les coteaux qui nous dominent, c'est un paysage nu et borné ...


à droite...  buste de Frédéric Chopin


... Quoi qu'il en soit, il nous plaît et nous l'aimons. Ma grand-mère l'aima aussi, et mon père y vint chercher de douces heures de repos à travers les agitations de sa vie. Ces sillons de terres brunes et grasses, ces gros noyers tout ronds, ces petits chemins ombragés, ces buissons en désordre, ce cimetière plein d'herbes, ce petit clocher couvert de tuiles, ce porche de bois brut, ces grands ormeaux délabrés, ces maisonnettes de paysans entourées de leurs jolis enclos, de leurs berceaux de vigne et de leurs vertes chènevières, tout cela devient doux à la vue et cher à la pensée quand on a vécu si longtemps dans ce milieu calme, humble et silencieux".

      George Sand, Oeuvres autobiographiques. Histoire de ma vie. Bibliothèque de la Pléiade.










                 Amandine Aurore Lucile Dupin
                                     alias 
                              George Sand 
                              (1804-1876)


                                                            George Sand, jeune fille. 
                                                      Crédit photo: Société Uniclever


... "Le château, si château il y a (car ce n'est qu'une médiocre maison du temps de Louis XVI), touche au hameau et se pose au bord de la place champêtre sans plus de faste qu'une habitation villageoise"...


George Sand créa dans cette maison une grande partie d'une oeuvre littéraire foisonnante par laquelle elle lutta pour le progrès social et en particulier pour le droit des femmes. La maison où elle résida jusqu'à sa mort en 1876, fut son lieu de travail et de vie. La visite permet de couvrir la salle à manger, le salon ,où elle aimait recevoir ses amis célèbres: Balzac, le peintre Eugène Delacroix qui y séjourna régulièrement entre 1842 et 1847 et pour lequel Sand aménage un atelier au premier étage, Gustave Flaubert, Tourgueniev, Théophile Gautier, Liszt, Alfred de Musset, Chopin avec lequel elle entretiendra une liaison qui durera près de dix ans, soit jusqu'en 1847. Il y règne une ambiance libre et chaleureuse qui favorise le travail de chacun.




Le château de Nohant, qui date de la fin du XVIIIe siècle, fut acquis en 1793 par la grand-mère de George Sand. Depuis son enfance, celle-ci y passa la plus grande partie de sa vie.

C'est "la maison de ses souvenirs", meublée, décorée, et encore imprégnée de cette intense atmosphère artistique, littéraire et musicale que George Sand a suscitée autour d'elle.
On retrouve ici les hôtes illustres de Nohant, on découvre le parc où jouaient les enfants puis les petits-enfants de l'écrivain, et, près du chevet de l'église du village, le petit cimetière familial.









  quelques célèbres visiteurs à Nohant
Gustave Flaubert (1821-1880)


Ivan Sergeï Tourgueniev (1818-1823)



                                                     
                                                         Alfred de Musset (1810-1857)

Eugène Delacroix (1798-1863)



Franz Liszt (1811-1886)



Franz Liszt au piano par Joseph Danhauser (1805-1845)

Crédit photo: Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux



                                                          
                                                    Théophile Gautier (1811-1872)


Dans le contexte pré-révolutionnaire de 1848 et malgré la gravité des événements, Richard Monckton Miles, un ami de Tocqueville, donnait à Madame Sand un déjeuner littéraire auquel il était invité.


Milnes me plaça à côté de Mme Sand. Je n'avais jamais parlé à celle-ci, je crois même que je ne l'avais jamais vue (car j'avais peu vécu dans le monde d'aventuriers littéraires qu'elle habitait). Un de mes amis lui ayant demandé un jour ce qu'elle pensait de mon livre sur l'Amérique : " Monsieur, lui dit-elle, je me suis habituée à ne lire  que les livres qui me sont offerts par leurs auteurs." J'avais de grands préjugés contre Mme Sand, car je déteste les femmes qui écrivent, surtout celles qui déguisent les faiblesses de leur sexe en système, au lieu de nous intéresser en nous les faisant voir sous leurs véritables traits ; malgré cela, elle me plut. Je lui trouvai des traits assez massifs, mais un regard admirable. Tout l'esprit semblait s'être retiré dans ses yeux, abandonnant le reste du visage à la matière. Ce qui me frappa, surtout, fut de rencontrer en elle quelque chose de l'allure naturelle des grands esprits. Elle avait, en effet, une véritable simplicité de manières et de langage, qu'elle mêlait peut-être à un peu d'affection de simplicité dans ses vêtements. Je confesse que, un peu plus ornée, elle m'eût paru encore plus simple. Nous parlâmes une heure entière des affaires publiques, on ne pouvait parler d'autre chose dans ce temps-là. D'ailleurs, Mme Sand était alors une manière d'homme politique. Ce qu'elle me dit sur ce sujet me frappa beaucoup : c'était la première fois que j'entrais en rapport direct et familier avec une personne qui pût et voulût me dire en partie ce qui se passait dans le camp de nos adversaires. Les partis ne se connaissent jamais les uns les autres : ils s'approchent, ils se pressent, ils se saisissent, ils ne se voient point. Mme Sand me peignit très en détail et avec une vivacité singulière l'état des ouvriers de Paris, leur organisation, leur nombre, leurs armes, leurs préparatifs, leurs pensées, leurs passions, leurs déterminations terribles. Je crus le tableau chargé et il ne l'était pas. Ce qui suivit le montra bien. Elle me parut s'effrayer fort elle-même du triomphe populaire et témoigner une pitié un peu solennelle pour le sort qui nous attendait. "Tentez d'obtenir de vos amis, monsieur, me dit-elle, de ne point pousser le peuple dans la rue en l'inquiétant ou en l'irritant : de même que je voudrais pouvoir inspirer aux miens la patience : car, si le combat s'engage, croyez que vous y périrez tous." Après ces paroles consolantes, nous nous séparâmes et depuis je ne l'ai jamais revue.

Alexis de Tocqueville, Souvenirs (1850-1851)




Madame Dupin de Francueil et sa petite-fille , Aurore, reçoivent le général Alphonse de Colbert (1776-1843), au château de Nohant en 1815
peinture d'Alphonse Lalauze

Contexte historique
L'armée s'étant ralliée à Napoléon, Louis XVIII, qui est obligé de se réfugier à l'étranger, publie le 23 mars à Lille, une ordonnance licenciant l'armée.
Le 18 juin 1815, la défaite de Waterloo met fin à la dernière aventure napoléonienne et le 22 juin, l'Empereur abdique une seconde fois.
Le 8 juillet, Louis XVIII est de retour à Paris.
S'appuyant sur l'ordonnance  rendue à Lille au mois de mars et qui dissolvait tout corps militaire rallié à l'usurpateur, le roi signa, le 16 juillet, une ordonnance de licenciement  de l'armée de la Loire. La même ordonnance prescrivait la réorganisation d'une armée composée de légions départementales.

"Par un ardent soleil d'été, nous vîmes reluire sur tous les versants de la vallée Noire les glorieuses armes de Waterloo. Ce fut un régiment de lanciers décimé par ce grand désastre qui le premier vint occuper nos campagnes. Le général Colbert établit à Nohant son quartier général. Le général Subervie occupa le château d'Ars, situé à une demi-lieu. Tous les jours, ces généraux, leurs aides de camp et une douzaine d'officiers principaux dînaient ou déjeunaient chez nous...

"On voyait au premier mot de ma grand-mère, et rien qu'à son grand air et à son costume suranné, qu'elle appartenait au parti royaliste. On supposait même chez elle plus d'attachement à ce parti qu'il n'en existait réellement au fond de sa pensée. Mais elle était fille du maréchal de Saxe, elle avait eu un brave fils au service, elle était pleine de grâces hospitalières et de délicates attentions pour ces "brigands de la Loire" en qui elle ne pouvait voir autre chose que de vaillants et généreux hommes, les frères d'armes de son fils (quelques uns même l'avaient connu, et je crois que le colonel Colbert était du nombre); en outre, ma grand-mère inspirait le respect, et un respect tendre, à quiconque avait un bon sentiment dans l'âme. Ces officiers qu'elle recevait si bien s'abstenaient donc de dire devant elle un seul mot qui pût blesser les opinions qu'elle était censée avoir; comme, de son côté, elle s'abstenait de prononcer une parole, de rappeler un fait qui pût aigrir leur respectable infortune.

"Un soir, la petite place de Nohant et les chemins qui y aboutissent virent une foule compacte de cavaliers encore superbe de tenue venir recevoir les ordres du Général Colbert. Ce fut l'affaire d'un instant. Muets et sombres, ils se divisèrent et s'éloignèrent dans des directions diverses...

"Nous vîmes passer des régiments de toutes armes, des chasseurs, des carabiniers, des dragons, des cuirassiers, de l'artillerie et ces brillants mameluks avec leurs beaux chevaux et leur costume de théâtre, que j'avais vus à Madrid. Le régiment de mon père passa aussi, et les officiers, dont plusieurs l'avaient connu, entrèrent dans la cour et demandèrent à saluer ma grand-mère et ma mère. Elles les reçurent en sanglotant, prêtes à s'évanouir. Un officier dont j'ai oublié le nom s'écria en me voyant :"Ah! voilà sa fille. Il n'y a pas à se tromper à une pareille ressemblance". Il me prit dans ses bras et m'embrassa en me disant:"Je vous ai vue toute petite en Espagne. Votre père était un brave militaire et bon comme un ange".

"Tous nos domestiques étaient sur les dents pour avoir servi nuit et jour une quarantaine de personnes et de chevaux pendant deux mois. Les courtes finances de ma grand-mère et sa cave s'en ressentaient, mais elle aimait à faire grandement les honneurs de chez elle, et elle y avait mangé une année de son revenu sans se plaindre".

George Sand, Oeuvres autobiographiques. Histoire de ma vie
Bibliothèque de la Pléiade




la tombe de George Sand dans le cimetière familial, séparé du cimetière communal selon le souhait de Sand. Des ifs centenaires veillent sur l'écrivain qui repose sous une pierre de Volvic.

(...) Vous dédirez savoir la vérité sur les derniers moments de Mme Sand ; la voilà : Elle n'a reçu aucun prêtre. Mais dès qu'elle a été morte, sa fille, Mme Clésinger, a fait demander à l'évêque de Bourges l'autorisation de lui faire un enterrement catholique, et personne dans la maison (sauf peut-être sa belle-fille, Mme Maurice n'a défendu les idées de notre pauvre amie. Maurice était tellement anéanti qu'il ne lui restait aucune énergie, et puis il y a eu les influences étrangères, des considérations misérables inspirées par des bourgeois. Je n'en sais pas plus long. La cérémonie, du reste, a été des plus touchantes : tout le monde pleurait et moi plus que les autres. (...) La pauvre Mme Sand m'avait souvent parlé de vous, ou plutôt nous avions souvent causé de vous ensemble ; vous l'intéressiez beaucoup. Il fallait la connaître comme je l'ai connue pour savoir tout ce qu'il y avait de féminin dans ce grand homme, l'immensité de tendresse qui se trouvait dans ce génie. Elle resta une des illustrations de la France et une gloire unique.

Lettre de Gustave Flaubert à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie datée du Croisset le17 juin 1876.

Gustave Flaubert, Correspondance 1876-1880, Vol V, Bibliothèque de la Pléiade

Tirée du même volume,

Lettre d'Ivan Tourgueneff à Gustave Flaubert datée du 18 juin 1876 à Spasskoïé, ville de Mtsensk.

(...) La mort de Mme Sand m'a fait aussi beaucoup, beaucoup de chagrin. - Je sais que vous êtes allé à Nohant pour l'enterrement, et moi qui voulait envoyer un télégramme de condoléance au nom du public russe, j'ai été retenu par une sorte de modestie ridicule, par la crainte du Figaro, de la réclame - des choses bêtes enfin. Le public russe a été un de ceux sur lequel Mme Sand a eu le plus d'influence, et il fallait le dire, pardieu - et j'en avais le droit - après tout. - Mais voilà !

Pauvre chère Mme Sand ! - Elle nous aimait tous les deux - vous surtout - et c'était naturel. Quel coeur d'or elle avait ! Quelle absence de tout sentiment petit, mesquin, faux - quel brave homme c'était et quelle bonne femme ! - Maintenant tout cela est  là, dans l'horrible trou, insatiable, muet, bête - et qui ne sait même pas ce qu'il dévore ! (...)










 
      Château de Saint Chartier



"Les promenades à âne nous mettaient toujours en grande joie; nous allions à la messe tous les dimanches sur ce patriarche des roussins, et nous portions notre déjeuner, pour le manger après la messe, dans le vieux château de Saint Chartier qui touche à l'église... Ce château était gardé par une vieille femme qui nous recevait dans les vastes salles abandonnées du vieux manoir, et ma mère prenait plaisir à y passer une partie de la journée...
...  Cette vieille avait-elle servi quelque seigneur de village voltairien et philosophe ? Je ne sais.
J'ai oublié son nom, mais non l'aspect imposant du château tel qu'il a été encore plusieurs années après cette époque.

(il a beaucoup changé depuis un siècle, par suite de travaux de restauration entrepris sans discernement.)

"C'était un redoutable manoir, bien entier et très habitable, quoique dégarni de meubles. Il y avait des salles immenses, des cheminées colossales et des oubliettes que je me rappelle parfaitement. Ce château est célèbre dans l'histoire du pays. Il était le plus fort de la province, et longtemps il servit de résidence aux princes du bas Berry. Il a été assiégé par Philippe Auguste en personne, et plus tard il fut encore occupé par les Anglais, et repris sur eux à l'époque des guerres de Charles VII. C'est un grand carré flanqué de quatre tours énormes. Le propriétaire, lassé de l'entretenir voulut l'abattre pour vendre les matériaux. On réussit à enlever la charpente et à effondrer toutes les cloisons et murailles intérieures. Mais on ne put entamer les tours, bâties en ciment romain, et les cheminées furent impossibles à déraciner. Elles sont encore debout, élevant leurs longs tuyaux à quarante pieds dans les airs, sans que jamais depuis trente ans, la tempête ou la gelée en ait détaché une seule brique. En somme, c'est une ruine magnifique et qui bravera le temps et les hommes pendant bien des siècles encore. La base est de construction romaine, le corps de l'édifice est des premiers temps de la féodalité".

George Sand, Oeuvres autobiographiques. Histoire de ma vie
Bibliothèque de la Pléiade.










   
    Porche de l'église de Verneuil-sur-Igneraie (345 hab)

  Son clocher renferme une cloche datée de 1550La commune a été, pendant le XIXe siècle et le              début du XXe siècle  un important centre de production de tuiles, de céramiques et de poteries.

                                                               clocher de l'église de Verneuil

Saint Hilaire, patron des potiers de Verneuil


1793, la Convention ordonne la fermeture des églises et la destruction des objets de piété.

À Verneuil, on rassemble ces objets sur la place de l'église et l'envoyé de l'Assemblée ordonne de les brûler. Parmi eux, deux statues, dont celle de St Hilaire, patron des potiers.
"Donnez-la moi, dit Sylvain Alaphilippe, ancêtre de l'actuel Maître-potier, mon four est allumé, je le jetterai au milieu."
Rentré chez lui, Alaphilippe cache la statue dans son grenier.
Après le Concordat, l'église de Verneuil est réouverte. Le jour de la première messe, Alaphilippe rapporte la statue de St Hilaire à l'église. Elle reste depuis lors l'un de ses ornements.








                   
                 Vue depuis ma chambre au gîte d'étape de l'Étang Merlin à Châteaumeillant.



   En Touraine ...

     cour intérieure de l'Hôtel  Beaulieu, à Beaulieu-lès-Loches

une rue de Loches








      Château de Loches

Collégiale Saint-Ours à Loches XIIe siècle


  
   
                        
                      Gisant de marbre d'Agnès Sorel (XVe siècle) dans la Collégiale Saint-Ours


Agnès Sorel meurt le 9 février 1450, à l'âge de vingt-huit ans, dans son manoir de Mesnil-sous Jumièges, près de Rouen, après avoir accouché d'un enfant prématuré. Selon Jean Chartier, chroniqueur de Charles VII, elle est prise d'un flux de ventre et absorbe une dose massive de mercure, ce qui entraîne une mort rapide. Le roi commande deux tombeaux en marbre. Celui de Jumièges contient son coeur, celui de la Collégiale Saint-Ours de Loches son corps.







Le logis royal est édifié au XIVe siècle par Charles VI-le-Fol, à partir du "Vieux Logis"existant.
Grand amateur de plaisirs, le roi le conçoit pour l'agrément, mais soucieux de sa sécurité conserve une tour de guet du bâtiment précédent: elle deviendra la tour Agnès Sorel.

La cité royale de Loches sur la rive gauche de l'Indre (Indre-et-Loire, 7000 hab) est construite sur un éperon rocheux et occupe une place stratégique de premier ordre. La ville est protégée par une triple enceinte. La pointe sud est renforcée par le donjon, tandis que le logis domine la pointe nord.
À la fin du IVe siècle, un château existe déjà à cet endroit puisque Grégoire de Tours écrit que Saint-Ours vient de s'y établir près d'un castellum.
En 742, Carloman et Pépin le Bref détruisent la forteresse de leur ennemi le duc d'Aquitaine. Au IXe siècle, Charles le Chauve fait aménager la forteresse; Loches devient la ville la plus importante du sud de la Touraine.
Au XIVe, sous le règne de Charles V sont construites une tour de guet, appelée aujourd'hui Tour Agnès Sorel, et la partie centrale du logis royal. L'ensemble présente un caractère défensif, justifié par le contexte de la guerre de Cent Ans et les luttes internes entre Armagnacs et Bourguignons.
Charles VIII et Louis XII vont ensuite agrandir ce premier logis par un second dont le style annonce la Renaissance. De château défensif, le logis devient un rendez-vous de chasse, divertissement pratiqué dans la forêt domaniale proche.
Mais le déclin s'annonce. Si les Valois avaient quelque attache en Touraine, il n'en est pas de même pour leurs successeurs. Pendant les guerres de religions, le château souffre beaucoup puis, sous la Terreur, il sert de prison pour de nombreux suspects. Sous l'Empire, le logis abrite les services administratifs de la sous-préfecture ce qui lui vaut une restauration partielle. Il est ouvert au public depuis 1948.


















Jeanne d'Arc (1412-1431)














                                                  
                                                  Charles VIII de France (1470-1498)






                                                                Charles VII (1403-1461)








Salle Jeanne d'Arc


C'est ici que Jeanne d'Arc rencontra de nouveau le dauphin en juin 1429 après la victoire d'Orléans et le convainquit de se rendre à Reims afin d'y être sacré roi de France.






Agnès Sorel (1425-1450)


Fille de Jean Soreau, gentilhomme de petite noblesse picarde, est présentée à Charles VII vers 1443. Elle se hisse du rang de suivante d'Isabelle de Lorraine à celui de favorite du Roi. Première maîtresse officielle, elle exerce une grande influence durant ses années passées à la cour. Elle séjourne régulièrement à Loches, dont la grâce la repose des intrigues de la cour. Âgée de vingt-cinq ans, elle meurt d'un étrange flux au ventre. 






maquette du château de Loches









Le cardinal Balue

Résident le plus célèbre de la cage de fer, le cardinal Jean Balue naît à Angles-sur-l'Anglin en 1421. Il officie aux plus hautes fonctions ecclésiastiques: évêque d'Évreux, évêque d'Angers puis cardinal en 1467.
Il occupe également des fonctions royales: aumônier du roi, intendant des finances puis secrétaire du roi Louis XI. La confiance du roi est entière:

 "C'est un bon diable d'evesque pour à cette heure; je ne scay ce qu'il sera dans l'avenir; quant à présent, il est sans cesse occupé à mon service"

 Sa trahison envers Louis XI au profit du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, lui aurait valu trois ans d'enfermement dans une cage de fer.





Sa construction remonte au début du XIe siècle. Haut de trente six mètres, il est considéré comme l'un des plus imposants donjons de l'époque romane. Jusqu'au milieu du XVe siècle, il sert de forteresse militaire. Louis XI décide alors de le convertir en prison d'état. Il le restera jusqu'en 1801, date à laquelle il devient prison départementale





Philippe de Commynes.(1447-1511)

Né d'une illustre famille des Flandres, Philippe de Commynes passe sa jeunesse à la cour de Bourgogne et devient chambellan de Charles le Téméraire. Il prend part aux négociations avec la France et au traité de Péronne (1468) entre son maître et le roi Louis XI.
En août 1472, Commynes passe du service de Bourgogne à celui de la cour de France. Louis XI le marie à Hélène de Jambes, issue d'une riche famille du Poitou et le fait sénéchal de cette province.
Ambassadeur en Bourgogne puis à Florence, il retourne auprès du roi et le soigne dans son château d'Argenton.




Après la mort de Louis, Philippe de Commynes fut soupçonné par la fille de Louis, Anne de Beaujeu d'être partisan trop zélé de la maison rivale, celle d'Orléans. L'historien fut enfermé pendant 6 mois dans l'une de ces cages de fer qu'il a si fortement décrites. "Je me suis aventuré sur le grand océan dit-il dans son affliction, et les vagues m'ont englouti". Il passa en jugement et fut banni de la cour pendant quelques années par le Parlement de Paris, convaincu d'entretenir des rapports avec des dissidents. Il survécut à cette disgrâce, cependant, et fut ensuite au service de Charles VIII pour une ou deux missions importantes qui exigeaient du talent. Louis XII aussi accorda sa faveur à l'historien, mais ne l'employa pas. Commynes passe les dernières années de sa vie à la rédaction de ses "Mémoires", précieux témoignage sur les règnes de Louis XI et de son fils Charles VIII. Il mourut dans son château d'Argenton en 1509 et fut regretté comme l'un des hommes d'état les plus profonds et, certainement le meilleur historien de son époque. 





    le château de Loches et la collégiale Saint-Ours



Anne de Bretagne (1477-1514)








Ludovic Sforza (1452-1508) duc de Milan, est fait prisonnier par Louis XII en 1500, pendant les guerres d'ItalieEnfermé dans ce cachot de 1504 à 1508, il y est traité avec de nombreux égards. Sa cellule meublée et chauffée est pourvue de latrines. Son bouffon lui tient compagnie. Il a même l'autorisation de recevoir des visites et de se promener dans la cour. Passionné par les arts, ce protecteur de Léonard de Vinci orne son cachot de peintures remarquables.




Ludovic Sforza






 









Louis XI (1423-1483)







Un sondage effectué en 1984 révèle que le personnage le plus détesté de l'histoire de France après Napoléon est Louis XI. Ainsi, cinq siècles après son décès, il conserve toujours dans l'inconscient collectif l'image d'un roi tyrannique, cruel et sans foi.. Sa réputation est sans ambiguïté : il a des espions partout, il enferme ses ennemis dans des cages de fer, il renie volontiers sa parole, il ne serait pas étranger au décès de son frère Charles et Agnès Sorel, la maîtresse de son père. Son physique est à l'avenant : on le représente petit, avec un long nez, des lèvres minces et serrées, de gros yeux.  

Fils de Charles VII et de Marie d'Anjou, Louis XI naît à Bourges le 3 juillet 1423. Son père, qui a vingt ans, n'est roi que depuis 1 an et, soumis aux affrontements anglo-bourguignons, n'a qu'une autorité très limitée. Dès l'âge de trois ans, le dauphin doit se réfugier dans la robuste forteresse de Loches, à l'abri des enlèvements, où il mène une enfance solitaire.






Louis XI demanda à être inhumé à Notre-Dame de Cléry et non dans la nécropole royale de Saint Denis comme le voulait la tradition depuis Hugues Capet  (v.940-996).
À la fin du XIII ème siècle, une statue en bois de la Vierge fut découverte par des paysans du bourg de Cléry-Saint-André, situé dans le Loiret, à quinze kilomètres au sud-ouest d'Orléans. Face à l'afflux de pèlerins venant rendre hommage à cette Vierge dotée de pouvoirs miraculeux, Philippe le Bel (1268-1314) décida de construire une église qui lui serait consacrée. L'édifice religieux fut pillé et détruit par les Anglais en 1428. Le futur Louis XI fit le voeu de restaurer l'église si la Vierge lui accordait la victoire pendant le siège de Dieppe (1443). Il fit ensuite de la nouvelle basilique Notre-Dame de Cléry, érigée dans le pur style gothique flamboyant, une chapelle royale où il exigea que son tombeau fut élevé.


En 1675, il y a une cage au premier étage de la Tour Louis XI, une autre dans le cachot. Les hôtes de la cage sont rarement des détenus de droit commun ou des prisonniers politiques ordinaires. Il s'agit le plus souvent de membres de la noblesse ou du haut-clergé, convaincus de trahison comme le cardinal Balue.
Cette réplique est conforme à l'originale qui se trouvait jusqu'à la Révolution Française dans un des cachots de la Tour Louis XI. Tout a été scrupuleusement respecté: bois et ferrures reproduits selon les techniques médiévales, dimensions en pieds et en pouces, passe-plat, latrines et système de fermeture.





Le monarque


Louis XI a toujours eu avec son père des relations difficiles. À l'âge de dix-sept ans, il participe à la Praguerierévolte de la noblesse contre Charles VII. Vaincu, Louis est envoyé en Dauphiné où il continue sans relâche à comploter contre son père jusqu'au décès de celui-ci en 1461.
Devenu roi, Louis XI congédie les conseillers de Charles et s'entoure de ses fidèles. Il taxe davantage les nobles, augmente les impôts. Lui qui a pactisé avec la noblesse aux dépens de son père doit, à son tour, se battre contre eux: le duc de Bretagne, et surtout Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Grâce à la ruse, la manipulation (il sera surnommé "l'universelle aragne"- (araignée), la ténacité, le manque de scrupules, Louis XI réussit durant tout son règne à déjouer les coalitions féodales dirigées contre lui.
 



Charles le Téméraire (1433-1477)

Charles, qui appartient à la dynastie des Valois, devient quatrième duc de Bourgogne en 1467, à la mort de son père Philippe le Bon. C'est un homme courageux mais impulsif et violent, d'où son surnom. Il rêve de constituer un royaume de Bourgogne s'étendant des Pays-Bas à la Champagne et, jusqu'à sa mort en 1477, il consacre son règne à la conquète de territoires.



Jean de Saint Vallier (1475-1539)

L'empereur Charles Quint, roi d'Espagne, est l'ennemi de François 1er. Il projette d'envahir la France. Un complot s'organise en 1524 contre François 1er, auquel s'associe Jean de Saint Vallier.

Mais ce complot est découvert et Jean de Saint Vallier est arrêté. 
Accusé de crime de lèse-majesté, il est emprisonné au château de Loches. Le prisonnier subit des conditions de détention très sévères. Désespéré, Jean de Saint Vallier demande l'aide de sa fille, Diane de Poitiers, épouse Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie et proche de François 1er.
Dans sa lettre à sa fille du 19 décembre 1524, Jean de Saint Vallier exprime sa détresse:

"Depuis que je vous écris, suis ici arrivé au château de Loches, aussi maltraité que pauvre prisonnier saurait être, et, si Dieu ne m'aide, je n'en bougerai de longtemps"

François 1er demande que le prisonnier soit soumis à la torture, mais Jean de Saint Vallier est malade. Les magistrats se contentent de lui "présenter la question" en lui montrant les instruments de supplice des brodequins. Il consiste à ligoter le prisonnier sur une chaise et à placer des planchettes de chaque côté des genoux. Le bourreau enfonce des coins entre les planchettes, pou écraser les articulations.
Le 16 janvier 1525, le prisonnier est condamné à être décapité, à Paris.Mais une lettre du roi. commue son exécution en réclusion à perpétuité , grâce à l'intervention de sa fille et de Louis de Brézé . Jean de Saint Vallier est libéré en 1526.




Jean d'Alençon (1409-1476)

Compagnon d'armes de Jeanne d'Arc qui le surnomme "le Gentil Duc", il est à ses côtés pendant la bataille d'Orléans qui a eu lieu entre octobre 1428 et mai 1429.
Pendant la guerre de Cent Ans, il perd son duché,  pris par les Anglais. Il s'allie alors avec l'ennemi pour retrouver ses biens. Son complot contre Charles VII échoue. Trahi, il est arrêté en 1456. Le procès de Vendôme le condamne à mort en 1458 mais Charles VII le gracie et le fait emprisonner au donjon de Loches. Gracié par Louis XI, il est libéré en 1461. Il fait assassiner Pierre Fortin qui l'avait dénoncé et se lance dans des complots. Arrêté puis condamné à mort en 1474, sa peine est de nouveau commuée en un emprisonnement. Il est libéré en 1476, peu de temps avant son décès.



     La bataille d'Orléans














sur le GR 46...








le pont sur l'Indre à Cormery






   et sur le GR 41... en chemin pour Chenonceaux ...

    Château de Nitray
















                                                                      fleuriste à Bléré



Et le voyage continue ...
And the journey continues ...

 nomadensolo@gmail.com

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