ÉGYPTE, du CAIRE à ABOU SIMBEL





Égypte

Population : 102,3 millions d'habitants
Capitale : Le Caire, 9,5 millions d'habitants
Population métropolitaine : 21,3 millions
devise : livre égyptienne                                  





L'Égypte est sans conteste le berceau de nos civilisations méditerranéennes; elle constitue pour les archéologues un livre vivant d'histoires, où les pages éparpillées sont retrouvées les unes après les autres, interrogées et lues avec attention et amour, pour que leur réunion nous restitue la plus vaste et la plus profonde leçon de la Haute Antiquité. (...)
À voguer sur le Nil, l'été, le voyageur peut contempler encore tout ce qui subsiste, l'évocation du passé est immense. Elle ne peut se dérouler dans l'ordre strictement chronologique, qu'importe ! La vision n'en est que plus attrayante, puisque ce pèlerinage dans les sphères du passé se fait sans l'intervention de machine que le monde futur nous promet, mais par le truchement magique, il faut l'avouer, du génial mécanisme que Champollion nous a donné.
Christiane Desroches-Noblecourt (extrait du "Courrier" de l'Unesco, février 1960)





Un homme de la maison de Lévi alla prendre une fille de Lévi.  La femme conçut  et enfanta un fils. Elle vit qu'il était beau et le cacha trois mois. Comme elle ne pouvait plus le cacher, elle prit pour lui une arche de papyrus, la calfata de bitume et de poix, y plaça l'enfant et la déposa dans la jonchaie sur le bord du Nil. La soeur de l'enfant se tenait au loin pour savoir ce qui lui adviendrait. Or, la fille de Pharaon descendit vers le Nil pour se baigner et ses suivantes marchaient sur la rive du Nil. Elle vit l'arche au milieu de la jonchaie et envoya sa servante qui la prit. Elle ouvrit et elle le vit, lui, l'enfant, et voici que c'était un garçon qui pleurait. Elle en eut pitié et dit : "C'est l'un des enfants des Hébreux !"
La soeur de l'enfant dit à la fille de Pharaon : "Puis-je aller appeler pour toi une nourrice d'entre les femmes des Hébreux, afin qu'elle allaite l'enfant pour toi ?"La fille de Pharaon lui dit : Va !  L'adolescente alla donc appeler la mère de l'enfant. La fille de Pharaon lui dit : "Emmène cet enfant et allaite-le pour moi, je te donnerai ton salaire. "La femme prit l'enfant at l'allaita. Quand il eut grandi, elle l'amena à la fille de Pharaon. Il devint pour elle un fils. Elle l'appela du nom de Moïse et dit : "C'est que je l'ai tiré des eaux".
Exode, II, 1-10



                                                 Moïse sauvé des eaux, Raphaël (1483-1520)



                                               Bords du Nil, Antoine Marilhat (1811-1847)



                                                  Felouques et chameliers au bord du Nil
                                                          Narcisse Berchère (1819-1891)
                                           
       


Le Nil s'étire sur six mille cinq cents kilomètres, de la région des grands lacs africains à la Méditerranée. Jusqu'au XIXe siècle, on ignorait l'emplacement de ses sources qui, depuis, ont été localisées dans le fleuve Nyarawongo, affluent d'un autre fleuve qui se jette dans le lac Victoria. Le Nil se dirige vers le nord, à travers d'immenses savanes boisées et marécageuses, puis il recueille, sur sa gauche, les eaux du Bahr el Ghazzal (Fleuve des Gazelles), qui arrive des régions du Darfour et du Congo et, sur sa droite, celles du Sobat, du Nil Bleu et de l'Atbarah qui descendent des hauts-plateaux abyssins. Chaque année, à la suite des pluies torrentielles qui s'abattent sur les montagnes d'Abyssinie et dans la région des lacs équatoriaux, le Nil se gonfle progressivement, au point de franchir ses rives, et d'inonder, en quelques mois, la vallée toute entière. À la fin d'avril, la crue atteint Khartoum, capitale du Soudan et gagne l'Égypte, par la Nubie, vers la fin mai, début juin. Jusqu'en octobre, la vallée reste recouverte du limon bienfaisant déposé par la crue qui ne se retirera totalement qu'au début de décembre. Sans la crue du Nil, toute la vallée de l'Égypte ne serait qu'un désert aride. C'est pour cette raison que reste toujours valable ce que disait Hérodote, à savoir que : "l'Égypte est un don du Nil".





                                     Eugène Fromentin (1820-1876) Grande vue sur le Nil


      
     Chéops, Khéphren et Mykérinos.  Merci à Sandra Douville pour la photo



Chéops est la plus ancienne pyramide de Gizeh et la plus grande d'Égypte. Elle mesurait 146m à son achèvement vers 2570 av. J.-C. mais 46 siècles d'érosion éolienne lui ont fait perdre 9m. Près de 2,3 millions de blocs de calcaire, pesant en moyenne 2,5 tonnes chacun, furent nécessaires à sa construction. 

Sur le célèbre ensemble funéraire de Gizeh, voici le récit qu'en fit Hérodote, ce "journaliste" grec qui puisait ses informations auprès des étrangers vivant en Égypte.

L'ordre régnait en Égypte et le pays connaissait une grande prospérité, mais Chéops réduisit le peuple à la misère la plus profonde. D'abord il ferma tous les temples et interdit aux Égyptiens de célébrer leurs sacrifices;  ensuite, il les fit tous travailler pour lui. Les uns durent, depuis les carrières de la chaîne Arabique, traîner jusqu'au Nil les blocs de pierre qu'on en tirait; d'autres eurent la tâche de recevoir ces pierres, passées en barque sur l'autre rive, et de les traîner jusqu'à la montagne Libyque. Cent mille hommes travaillaient à la fois, relevés tous les trois mois. Il fallut d'abord dix années de ce labeur écrasant pour construire la chaussée par laquelle ils traînaient les pierres, chaussée qui représente à mon avis un travail presque aussi considérable que la pyramide, car elle est longue de cinq stades, large de dix orgyies et haute à son point le plus élevé, de huit orgyies; elle est faite en pierres polies sur lesquelles sont gravées des figures. Les dix premières années se passèrent donc à faire la chaussée, ainsi que les chambres souterraines creusées dans la colline sur laquelle sont bâties les pyramides; le roi destinait ces chambres à sa sépulture et, pour qu'elles fussent dans une île, il fit amener l'eau du fleuve par un canal. Il fallut vingt ans pour construire la pyramide elle-même, qui est carrée; chacune de ses faces a huit plèthres de long, autant en hauteur; elle est faite de pierres polies parfaitement ajustées dont aucune n'a moins de trente pieds. (...)

En réalité, la grande pyramide mesure 280 coudées égyptiennes de hauteur sur 440 de côté, soit 147m sur 220m environ. (note de Andrée Barguet)



À la mort de Chéops, son frère Khéphren lui succéda. Ce roi, dit-on, imita son prédécesseur en tout et fit, en particulier, construire lui aussi une pyramide, inférieure toutefois en dimensions à celle de Chéops. (...) Khéphren fit la première assise de sa pyramide en pierre veinée d'Éthiopie et il lui donna une hauteur totale inférieure de quarante pieds à celle de la grande pyramide à côté de laquelle il la fit bâtir; toutes deux se trouvent sur la même colline, haute de cent pieds environ. (...)

Khéphren semble avoir été, en réalité, un fils de Chéops. Il régna vers 2650 av. J.-C. (note de Andrée Barguet)



Mykérinos lui aussi laissa une pyramide, beaucoup plus petite que celle de son père Khéphren, de trois plèthres moins vingt pieds de côté, carrée, bâtie jusqu'à mi-hauteur en pierre d'Éthiopie. 
Hérodote, II , 124-134





En 1849, Gustave Flaubert qui s'ennuie à Croisset et son ami photographe et journaliste, Maxime Du Camp, partent en Orient. Les deux jeunes hommes visitent l'Égypte, la Palestine, la Syrie, le Liban, l'Asie Mineure, Constantinople, Athènes et la Grèce.

      photo de Maxime Du Camp

"Je lançai mon cheval au galop et je l'arrêtai devant le sphinx rose qui sortait des sables rosés par le reflet du soleil couchant. Enfoui jusqu'au poitrail, rongé, camard, dévoré par l'âge, tournant le dos au désert et regardant le fleuve, ressemblant par derrière à un incommensurable champignon et par devant à quelque divinité précipitée sur terre des hauteurs de l'empyrée, il garde encore, malgré ses blessures, je ne sais quelle sérénité puissante et terrible qui frappe à son aspect et vous saisit jusqu'au profond du coeur. Je comprends bien les Arabes qui l'appellent maintenant "abou-el-houl", le Père de l'épouvante ! Avant-garde des pyramides, impassible sous le ciel, que fait-il là depuis cinquante siècles au milieu des solitudes ? Les Pharaons, les Éthiopiens, les Perses, les Lagides, les Romains, les chrétiens du Bas-Empire, les conquérants arabes, les Fatimites, les Mameluks, les Turcs, les Français, les Anglais on dormi à son ombre; les temps, les nations, les religions, les moeurs, les lois ont défilé devant lui; chaque mot de l'histoire a frappé sa large oreille entourée des bandelettes sacrées; on est tenté de lui dire : "Oh ! si tu pouvais parler !" (...) Enraciné aux rochers de la chaîne libyque dans lesquels on l'a taillé en abaissant les terrains voisins de toute sa hauteur propre, il disparaît chaque jour sous les sables envahissants; sa croupe, son dos, ses pattes en sont couverts; devant lui, à son ombre, les Bédouins viennent souvent s'étendre, et les vautours fatigués se reposent sur sa tête."
(extrait de "Le Nil : Égypte et Nubie", 1860) Maxime Du Camp









Flaubert à sa mère : 
"Le vieux monstre nous regardait d'un air terrifiant et immobile"

























                                      Le Caire, rue Ezbekiyah , Antoine Marilhat (1811-1847)                                                            









Le Musée du Caire








































Amenhotep, fils de Hapu. (granite rose)

Cette statue colossale représente Amenhotep, vizir et architecte en chef pendant le règne de Amenhotep III (1388-1351 av. J.-C.)



Cercueil et momie de Youya, un aristocrate égyptien de la XVIIIe dynastie, père de Tiyi, épouse du pharaon Amenhotep III.









La langue ancienne était écrite par des scribes qui devaient suivre, dès un jeune âge, un long apprentissage avant de maîtriser l'art de l'écriture. La capacité d'écrire garantissait un rang supérieur dans la société, et des promotions étaient possibles. L'ascension dans l'échelle sociale était difficile, mais demeurait possible par le biais de réalisations exceptionnelles dans l'armée et dans des professions telles que celle des scribes.

"Deviens un scribe. Cela t'évitera de peiner et te préservera de tout type de travail. Cela t'évitera de porter houe et pioche, et tu n'auras donc pas à coltiner un panier. Tu n'auras pas besoin de manier la rame et tu t'épargneras toutes sortes d'épreuves".

Extrait d'un texte utilisé sous le Nouvel Empire pour l'instruction des scribes. Cité dans The Égyptians, compilé par Sergio Donadoni.


Scribe assis les jambes croisées, tenant un papyrus déroulé sur ses genoux. (calcaire, Ve dynastie - Saqqara)








Groupe représentant le nain Séneb, chef de tous les nains de la garde-robe, sa femme et ses deux enfants debout, occupant la place que les jambes d'un homme ordinaire aurait remplie. Il a été trouvé avec de petits modèles de vases d'offrandes dans le naos en pierre, lequel était encastré dans la maçonnerie de sa tombe. (calcaire, Ve dynastie, Gizeh)



Tête en calcaire peint d'une statue osiriaque de la reine Hatchepsout, provenant de son temple à 
El-Deir el-Bahari (Thèbes); XVIIIe dynastie.








Grâce aux bas-reliefs et aux peintures que l'on a retrouvés dans les tombes, nous savons comment se déroulaient les funérailles dans l'ancienne Égypte. En avant du cortège funèbre un peloton d'esclaves portait les offrandes et les objets personnels du défunt: si c'était un guerrier, ses armes et son cheval; un paysan, ses instruments de labour.





























                                           Le Musée national de la civilisation égyptienne

À elles seules, les momies royales transférées en grande pompe du Musée du Caire dans ce magnifique édifice, donnant lieu à une parade monumentale dans les rues de la capitale valaient le voyage en Égypte.

La mise en scène était digne d'un péplum. Lors d'un spectacle pharaonique, vingt-deux chars transportant des momies de rois et reines de l'Égypte antique ont défilé samedi soir dans les rues du Caire. Du Pharaon Seqenenre Tâa (XVIe siècle avant J.-C.), à Hatchepsout (XVe siècle avant J.-C.), en passant par Ramsès II (XIIIe siècle avant J.-C.), les dépouilles royales ont rejoint leur nouvelle demeure, le Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC). Le spectacle , à la mesure de l'événement était diffusé en direct à la télévision égyptienne.
Les premiers chars noirs ornés de motifs dorés et lumineux rappelant les embarcations funéraires antiques ont quitté à 20h la place Tahrir et le musée du Caire. Sous les coups de canon, les chars sont arrivés au nouveau musée vers 20h30, accueillis par le président Abdel Fattah al-Sissi. Le nouveau musée qui occupe un vaste bâtiment moderne a ouvert ses portes ce dimanche 5 avril. (...)
le déménagement des momies vers ce nouveau lieu de résidence est "l'aboutissement d'un long travail pour mieux les conserver et mieux les exposer" a déclaré la directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay dans un communiqué. Un travail auquel l'Unesco a participé.

Découvertes près de Louxor à partir de 1881, la plupart des 22 momies n'avaient pas quitté le musée du Caire depuis le début du XXe siècle. À partir des années 1950, elles y étaient exposées dans une petite salle, sans explications muséographiques claires. Au Musée national de la civilisation égyptienne, elles apparaîtront dans des caissons plus modernes "pour un contrôle de la température et l'humidité meilleure qu'au vieux musée" explique à l'AFP Salima Ikram, professeure d'Égyptologie à l'Université américaine du Caire, spécialiste de la momification. Elles seront présentées aux côtés de leurs sarcophages, dans un décor rappelant les tombes souterraines des rois, avec une biographie et des objets liés aux souverains.
TF1 Info, 4 avril 2021































































                       statues de déesses protectrices découvertes dans la tombe d'Amenothep II, 
                                                         XVIIIe dynastie (1550-1295)
                                                        Vallée des Rois, Thèbes, bois.





                                   Louxor





"Lorsque mes yeux s'habituèrent à la lumière, les détails de la pièce émergèrent lentement de la pénombre, des animaux étranges, des statues et de l'or, partout le scintillement de l'or".
Howard Carter




             Howard Carter et Lord Carnavon (Novembre 1922) École Française. Stefano Bianchetti



                         Lord Carnavon : " Do you see anything ?
                   Howard Carter :  " Yes ! I see wonderful things !








                                                                 Les Colosses de Memnon

 Taillées dans des blocs de grès monolithes, ces deux gigantesques statues hautes de 20m et dont les pieds seulement mesurent deux mètres de long sur un mètre d'épaisseur représentent le pharaon assis sur le trône, les deux mains sur les genoux. Elles marquaient l'entrée de l'avenue monumentale qui conduisait au temple d'Aménophis III. Le temple a disparu mais fait l'objet d'une vaste campagne de fouilles initiée au début des années 2000.






Les colosses de Memnon
Narcisse Berchère (1819-1891)


La Vallée des Rois




Dans cette célèbre gorge se trouve la nécropole des grands souverains égyptiens, de la XVIIIe à la XXe dynastie





     La plus grande tombe de la Vallée des Rois, elle fut découverte par Edward Russel Ayrton en 1907


                                                       le dieu Anubis, penché sur la momie













                                       tombe de Ramsès Ier


Découverte par Giovanni Battista Belzoni en octobre 1817, c'est une des plus petite tombe de la nécropole royale.



                                     tombe de Ramsès VI

                           elle fut découverte par l'anglais James Burton en 1798







           le plafond, entièrement décoré de scènes astronomiques et de la création du disque solaire.
Énorme, la déesse du ciel, Nout, représentée deux fois enveloppe la sphère orientale et la sphère occidentale, avalant le soleil chaque soir  pour l'enfanter chaque matin  dans un cycle infini de renaissances destinées à ranimer les âmes des pharaons défunts




    La trouvaille de Deir el-Bahari




Au début des années 1870, un Bédouin à la recherche de sa chèvre égarée conduisit à la découverte d'un complexe funéraire probablement aménagé au début du Xe siècle avant J.-C. Cette cachette royale située sur la rive gauche du Nil, dans l'amphithéâtre dessiné par la chaîne Libyque à proximité de la Vallée des Rois a abrité pendant près de 3000 ans les momies de certains des plus célèbres pharaons du Nouvel Empire.



"Il fallait s'avancer en rampant, sans savoir ou mettre les mains et les pieds. Les cercueils et les momies, entrevus rapidement à la lueur d'une bougie, portaient des noms historiques. (...) Le rapport de Mohammed Ahmed Abd er-Rassoul, qui paraissait exagéré au début, n'était guère que l'expression atténuée de la vérité. Où je m'étais attendu à rencontrer un ou deux roitelets obscurs, les Arabes avaient déterré un plein hypogée de pharaons. Et quels Pharaons ! Les plus illustres peut-être de l'histoire d'Égypte, Thoutmosis III et Séthi Ier, Ahmos le libérateur et Ramsès II le conquérant. M. Émile Brugsch crut être le jouet d'un rêve de tomber à l'improviste en pareille assemblée, et je suis encore à me demander comme lui si vraiment je ne rêve point, quand je vois et touche ce qui fut le corps de tant de personnages dont on croyait ne devoir jamais connaître que les noms".
Gaston Maspero, Mission archéologique au Caire, Les momies royales de Deir el-Bahari "La Trouvaille de Deir el-Bahari



                                                            Gaston Maspero (1846-1916)
         Égyptologue, professeur au Collège de France, commandeur de la Légion d'Honneur (1896)




Les momies royales de Deir el-Bahari, ( extrait de l'inventaire )

Mission archéologique au Caire, 1889, Gaston Maspéro


Le 1er juin 1886, sur l'ordre et en présence de Khédîve, la momie de Ramsès II fut ouverte solennellement. Le linceul écrit une fois enlevé, on découvrit successivement une bande d'étoffe, large d'environ vingt centimètres, enroulée autour du corps, puis un second linceul cousu et maintenu, d'espace en espace, par des rubans étroits, puis deux épaisseurs de bandelettes et une pièce de toile fine tendue de la tête aux pieds. Une image de la déesse Nouit, d'environ un mètre, y est dessinée en couleur rouge et noire, ainsi que le prescrivait le rituel. Une bande nouvelle était placée sous cette amulette, puis une couche de pièces de toile pliées en carré et maculées par la matière bitumineuse dont les embaumeurs s'étaient servis. Cette dernière enveloppe écartée, Ramsès II apparut. Il fut mesuré le 6 juin par le Dr Fouquet, par MM. Bouriant, Insinger, et par moi. (...)




La tête est allongée, petite, par rapport au corps. Le sommet du crâne est entièrement dénudé. Les cheveux, rares sur les tempes, s'épaississent à la nuque et forment de véritables mèches droites et lisses d'environ 9 cm de longueur : blancs au moment de la mort, ils ont été teints, en jaune clair, par les parfums. Le front est bas, étroit, l'arcade sourcilière saillante, le sourcil blanc et fourni, l'oeil petit et rapproché du nez, le nez long, mince, busqué comme le nez des Bourbons, légèrement écrasé au bout par la pression du maillot, la tempe creuse, la pommette proéminente, l'oreille ronde, finement ourlée, écartée de la tête, percée d'un trou comme celle d'une femme pour y accrocher des pendants qui ont été arrachés par les voleurs antiques, la mâchoire forte et puissante, le menton très haut. La bouche, largement fendue, est bordée de lèvres épaisses et charnues: elle était remplie d'une pâte noirâtre, dont une partie, détachée au ciseau, a laissé entrevoir quelques dents très usées et très friables, mais blanches et bien entretenues. La moustache et la barbe, peu fournies et rasées avec soin pendant la vie, avaient crû au cours de la dernière maladie ou après la mort ; les poils, blancs comme ceux de la chevelure et des sourcils, mais rudes et hérissés, ont une longueur de 2 à 3 mm. La peau est d'un jaune terreux, plaquée de noir. En résumé, le masque de la momie donne très suffisamment l'idée de ce qu'était le masque du roi vivant : une expression peu intelligente, peut-être légèrement bestiale, mais de la fierté, de l'obstination et un air de majesté souveraine qui perce encore sous l'appareil grotesque de l'embaumement. Le reste du corps n'est pas moins bien conservé que la tête, mais la réduction des chairs en a modifié profondément l'aspect extérieur.. Le cou n'a plus que le diamètre de la colonne vertébrale. La poitrine est ample, les épaules sont hautes, les bras croisés sur la poitrine, les mains longues, fines et rougies de henné, les ongles très beaux, taillés à la hauteur de la chair et soignés comme ceux d'une petite maîtresse ; la plaie par laquelle les embaumeurs avaient ôté les viscères s'ouvre béante au flanc gauche. Les parties génitales ont été enlevées nettement à l'aide d'un instrument tranchant, comme celles de Séti 1er. Les cuisses et les jambes sont décharnées, les pieds longs, minces, un peu plats, frottés de henné comme les mains. Les os sont faibles et fragiles, les muscles sont atrophiés par dégénérescence sénile : Ramsès II devait être presque centenaire lorsqu'il mourut.



                            Deir el-Bahari

     Le Temple d'Hatchepsout



La reine Hatchepsout commanda un monument funéraire pour son père Touthmosis Ier et pour elle-même. Elle porta son choix sur une vallée inaccessible,  jadis consacrée à la déesse Hathor et qui avait été abandonnée. La géniale intuition de Senenmout, son ministre-architecte fut d'avoir su tirer pleinement profit du dramatique cirque de rochers qui s'élève au fond de la vallée.





Hatchepsout

Fille de Thoutmôsis Ier et de la grande épouse royale Ahmès. Elle régna de 1479 à 1457. Bien préparée à recevoir la couronne, elle comprenait le hittite et le babylonien.

Christiane Desroches-Noblecourt indique qu'il s'agit d'une " petite fille d'une  coudée de long , au visage triangulaire marqué d'une finesse, d'un charme et d'une noblesse extrême " ayant inspiré à sa mère les mots : 
Hatchepsout - "elle à la tête des nobles dames "















Sur une des parois, de très beaux bas-reliefs racontent la naissance et l'enfance de la reine ainsi que l'expédition militaire que la souveraine conduisit en 1493 avant notre ère dans le mystérieux pays de Pount, un site d'échanges et de négocesqui apparaît dans les récits de l'Égypte antique et que Christiane Desroches- Noblecourt situe dans la région du golfe persique de part et d'autre de la Mer Rouge. On allait y chercher de l'or, de l'ébène, de l'encens, des défenses d'éléphants, des animaux sauvages.
























































Éléphantine

Éléphantine est une petite île située sur le Nil, juste en face d'Assouan à quelque 860km au sud du Caire, à l'entrée de la Nubie, juste en aval de la première cataracte. Elle se présente effilée comme un vaisseau, longue dans le sens du courant d'environ 1500m et large d'environ 400.

Siou et Koti, deux villages nubiens très colorés se trouvent sur l'île. Se promener dans leurs étroites ruelles de terre battue est faire un retour dans le temps et offre un contraste surprenant avec l'effervescence urbaine qui se déroule de l'autre côté du fleuve.




















































                                                          mausolée de l'Agha Khan III




                                                     le monastère de Saint Siméon


 Entouré d'un puissant mur haut de six à sept mètre et situé au sommet du plateau face à l'île Éléphantine, c'est l'un des plus importants monastères de l'époque chrétienne construit en Égypte. 
Il fut détruit par les troupes de Saladin en 1173.











      mausolée de l'Agha Khan III (1877-1957)


Trois cents kilomètres de désert séparent Assouan de Abou Simbel. J'avais donné rendez-vous à mon chauffeur à 9h00 au débarcadère du traversier qui relie la rive droite du Nil depuis l'île Éléphantine où j'avais établi mon QG pour quelques jours. Karim est à l'heure et au volant d'une BYD, voiture de fabrication chinoise. Après s'être extirpé du trafic monstre et on ne peut plus désordonné à la sortie d'Assouan dû à l'étranglement au passage de la digue, on entre directement et sans prévenir dans le désert. Route quasi rectiligne et sans relief, trafic très clairsemé de poids-lourds et de semi-remorques chargés de matériaux et de marchandises à destination du Soudan, avec un seul relais à mi-chemin offrant une aire de repos, un coin d'ombre pour y siroter un thé ou un café, soigner une petite faim et fumer le narguilé. On sent dans l'air flotter une fine poussière, poussée par le vent qui fait par endroit courir en tourbillons une fine couche de sable sur la route. On aperçoit parfois au loin ce qui semble être une nappe d'eau qui s'avère n'être qu'un mirage.









                                                                   Karim au narguilé







On m'avait informé la veille que le temple de Ramsès ouvrait à 5h00. Debout à 4h45, le temps de parcourir les deux petits kilomètres qui m'en séparent. Arrivé à 5h30 devant un guichet fermé, le gardien des lieux m'informe que le temple n'ouvre qu'à 6h00 et m'offre en attendant un thé à la menthe dont l'eau est à bouillir sur un petit réchaud d'appoint, le temps de me féliciter d'avoir opté de passer la nuit à Abou Simbel pour échapper aux troupeaux de touristes qui semblent préférer prendre le car à 4h00 au départ d'Assouan, faire la visite qui s'impose et le retour dans la même journée et qui seront ici vers 10h00.

Abou Simbel n'est qu'une calme petite ville de 2500 habitants située en bordure du lac Nasser, très beau à cette heure matinale alors que le soleil est sur le point de se lever, lac artificiel d'une superficie de 5250 km2, d'une profondeur moyenne de 25m et situé sur la frontière entre l'Égypte et le Soudan, Nasser étant l'appellation de la portion égyptienne de ce plan d'eau, le côté soudanais portant le nom de lac de Nubie.

J'étais surpris  à mon arrivée à Abou Simbel hier après-midi de n'y voir pratiquement aucun touriste. Ils étaient probablement sur le chemin du retour à Assouan. Bref, quel bonheur de déambuler dans le sanctuaire et de l'avoir pour moi seul pendant 3/4 d'heure et de si bonne heure pendant que les moineaux qui se sont donné rendez-vous à la porte du temple, ivres de bonheur, chantent à tue-tête ! Il fut taillé dans la roche d'une colline de la rive ouest du Nil entre 1274 et 1244 avant notre ère par le Pharaon Ramsès II, grand bâtisseur de la XIXème dynastie. Car les temples doivent combler les dieux, assurer grâce au bon cycle des crues du Nil, la sécurité alimentaire de ses sujets. Coiffés des couronnes de Haute et Basse Égypte, les quatre colosses de Pharaon trônant sur la façade affirment sa puissance, sentinelles surveillant toute embarcation pénétrant sur ses terres par le sud. Ensevelie sous les sables au fil des siècles, cette merveille pharaonique ne fut redécouverte qu'en 1813 lorsque l'explorateur suisse Jean-Louis Burckhard aperçut hors du sable un premier colosse et deux autres ensevelis jusqu'au buste. À côté du Grand temple s'élève un second temple, plus petit, dédié à Hathor, déesse de l'Amour et de la Joie, voué au culte de Néfertari l'épouse bien-aimée de Ramsès II.

Face au danger de voir ces temples engloutis sous les eaux du lac artificiel dû à la construction du haut barrage d'Assouan, et grâce à l'appel au secours lancé d'abord au Général De Gaulle par l'égyptologue française Christiane Desroches-Noblecourt (1913-2011), le 21 mai 1965 débutait la plus fantastique entreprise de démantèlement et de reconstruction que l'archéologie ait jamais vécue.
Soixante mètres plus haut, on ré-assemblait les mille trente six blocs pesant en moyenne une trentaine de tonnes chacun, sauvant ainsi de la disparition le complexe funéraire de Ramsès et de Néfertari.
Sauvé des eaux, comme le fut Moïse !



                                                                 murales à Abou Simbel


"Ils faisaient sortir ces géants de la roche massive et les paraient d'une vigueur et d'une beauté surhumaines... Ils prenaient une montagne et l'attaquaient comme des Titans et la creusaient et la sculptaient comme si c'était un noyau de cerise et la laissaient pour que les hommes plus frêles des siècles futurs s'émerveillent à tout jamais" 

Amelia Edwards, égyptologue, romancière, nouvelliste et journaliste britannique au retour de son voyage en Égypte en 1874


                                 Le Temple de Ramsès II à Abou Simbel

Le lendemain de mon départ d'Ouadi-Halfa, j'arrivai à Ibsamboul, que les égyptiens nommaient Abochek, les grecs Abcocis, et les arabes Abou-Sembil, le père de l'épi. Dans les entrailles de deux montagnes séparées par un fleuve de sable coulant sans cesse du désert, Ramsès le grand a fait creuser deux temples troglodytiques : le premier orienté au nord-est, dédié au dieu Phrè (le soleil); le second, tourné vers le Nil et consacré à la déesse Hathor (Vénus). la montagne où fut ouvert le spéos de Phrè est en grès brèche; elle a été évidée, ciselée, découpée comme une noix. Les statues, les piliers, les corniches, les poutres, les autels ont été pris à même le rocher ; rien dans nos pays ne peut donner idée du travail qu'a dû coûter cette oeuvre gigantesque ; figure-toi Notre-Dame de Paris taillée dans un seul bloc de pierre. Au devant du temple et adossés à la façade, dont ils font partie intégrante, quatre colosses s'avancent qui représentent : " le soleil directeur de justice, l'approuvé du soleil, l'aimé d'Ammon, Ramsès " c'est-à -dire Sésostris.
Assises sur un trône, couronnées du pschent, cette singulière coiffure que les anciens voyageurs prenaient pour un boisseau, les deux mains placées sur les cuisses, la face souriante côtoyée par des bandelettes, les bras cerclés de bracelets qui portent le cartouche royal, impassibles, sereines, presque déifiées, ces statues ont chacune soixante et un pieds d'élévation. La première est enfouie jusqu'aux chevilles, la seconde est brisée à la hauteur des genoux, la troisième disparaît dans les sables jusqu'à la poitrine, la quatrième jusqu'au menton. (...) 
Entre la seconde et la troisième statue s'ouvre une porte dont le linteau, formé d'un bourrelet saillant, émerge seul au-dessus des sables ; dans une niche carrée qui la surmonte, se dresse le dieu Phrè, à tête d'épervier, ceint des plis pressés d'une courte jaquette, portant de chaque main une croix ansée, emblème de divinité et soutenant sur son front le globe où s'enroule l'urocus, le serpent sacré. De chaque côté, Sésostris est debout, de profil, offrant au dieu une petite image accroupie de la vérité. Des hiéroglyphes, des légendes, des cartouches sont entaillés sur toute cette façade que termine une corniche de cynocéphales sculptés en relief ...



                   Grand speos, vue générale en 1851. Photo de Félix Teynard, Musée d'Orsay



photo de 1854, John Beasley Greene



On pénètre dans le temple en se laissant facilement glisser du haut des monticules qui obstruent la porte, et on entre dans une salle (pronaos) appuyée sur huit piliers, contre chacun desquels s'adosse un colosse de trente pieds de haut, qui est encore un portrait de Ramsès-Sésostris. Ces colosses sont tous semblables, coiffés du pschent orné de l'uroeus, tenant de la main droite une sorte de fouet qui a forme de fléau et de la gauche un sceptre court terminé en crochet arrondi. Le contour des yeux est indiqué en noir, ainsi que le cordon qui rattache la barbe ; ils sont vêtus d'une tunique plissée si légèrement indiquée, qu'elle est perceptible seulement à partir des hanches ; entre leurs genoux pend un appendice carré, très historié, qui doit figurer les franges de la ceinture dont la plaque reproduit le cartouche pharaonique ; la plupart sont mutilés, écornés et défigurés ; seul, le dernier de la rangée de droite a conservé son visage intact ; j'y vois des yeux grands et durs, un nez droit sensiblement retourné à sa pointe et une belle bouche dont les grosses lèvres semblent sourire. Le plafond, coupé transversalement par de fortes poutres de pierre faisant corps avec les piliers, est enluminé d'une couleur brunâtre sur laquelle ressort le vautour sacré, déployant ses ailes et brandissant dans une de ses serres une arme qui ressemble à un fauchard du XVe siècle.




Sur les parois, on a tracé de véritables tableaux qui se rapportent aux conquêtes de Ramsès en Afrique ; le roi y est toujours représenté de grandeur naturelle et peint en rouge. Voici dans leur ordre ces oeuvres d'un art très élevé qui sont autant des bas-reliefs que des fresques. Côté gauche, trois tableaux : 1- debout sur son char qu'entraîne le galop de quatre chevaux aux jambes grêles, à la crinière de zèbre, à la tête empanachée de plumes d'autruche, Ramsès lance des flèches contre une forteresse où tout un peuple tend vers lui ses mains désarmées ; un homme tombe du haut de la muraille ; le vautour sacré vole au-dessus du pharaon que suivent des soldats montés sur des chars. 








      la bataille de Kadesh

2- Ramsès, poussé en avant par un mouvement rapide foule au pied des cadavres et perce de sa lance un ennemi qu'il tient de la main droite par les cheveux. 3- Ramsès triomphe ; il est sur son char dont les chevaux marchent au pas sous la conduite d'un homme qui porte l'arc et la lance royale ; des prisonniers vont devant lui, les mains liées derrière le dos et le cou serré dans un carcan (... )













































































Puis sur les parois du fond on a peint le roi faisant des oblations à Ammon générateur, à Phrè, à Toth biocéphale 
(Hermès deux fois grand), à Phtah (Vulcain), à la déesse Tafné Léontocéphale, à Anubis et à d'autres dieux.












La salle (sécos) qui s'ouvre ensuite est encore grande et soutenue par quatre gros piliers carrés ; sur les parois on reconnaît, parmi les peintures qui les décorent Ramsès conduisant la barque sacrée d'Ammon portée par des prêtres. Dans une troisième salle (adyton) fort obscure, et au milieu de laquelle s'élève un petit autel carré, le pharaon est mis au rang des dieux : c'était là le sanctuaire. Au fond, sur un banc de pierre, sont assises quatre statues : ce sont les dieux Ammon-Ra, Phré et Phtah qui ont placé Ramsès auprès d'eux.










































                                      Le Temple de Néfertari




Le spéos d'Hathor, qu'on appelle généralement le petit temple d'Ibsamboul, est séparé du Nil par une berge étroite ; pendant l'inondation, le fleuve lui baigne les pieds. Il paraîtrait colossal s'il  n'était écrasé par le voisinage du spéos de Phrè ; comme ce dernier, il est creusé en pleine montagne. Six statues de trente et un pieds de hauteur sont debout devant la façade ; elles sont isolées et encadrées par des contreforts de rocher poli, plus larges à la base qu'au sommet ; les légendes hiéroglyphiques déroulées sur ces contreforts expliquent que ce temple a été dédié à Athor par Ramsès, au nom de sa femme Nofré-Ari. Quatre colosses représentent Ramsès escorté de ses fils, et les deux autres Nofré-Ari accompagnée de ses filles ; la reine est toujours placée entre deux statues du roi. Une porte assez basse...



... conduit dans le pronaos qu'étayent six piliers carrés. Sur les façades externes de ceux-ci s'allonge une bande couverte d'hiéroglyphes  et surmontée par une tête d'Hathor, tête large et plate, garnie de grandes oreilles,, de cheveux bouclés et coiffée d'un temple carré (...)































... Sur les parois, ce sont des oblations de Ramsès à Ammon, à Phrè, à Tafné, au dieu à tête de musaraigne, à Toth hiérogrammate, à Hathor, à Phtah ; il offre des fleurs et des fruits 
(... )




Toutes les peintures de ce spéos sont d'une exquise finesse ; ce sont d'inimitables gouaches dont la pureté dépasse celle des sujets dessinés sur les vases grecs.

Maxime Du Camp, Égypte, Nubie, Palestine et Syrie, Paris. Gide et Baudry, 1852






































































Christiane Desroches-Noblecourt (1913-2011)

Archéologue française, spécialiste en égyptologie

Les conséquences liées à la construction du nouveau barrage d'Assouan devient la grande affaire de sa vie.

"Votre appel n'appartient pas à l'histoire de l'esprit parce qu'il vous faut sauver les temples de Nubie, mais parce qu'avec lui, la première civilisation mondiale revendique publiquement l'art mondial comme son indivisible héritage"

André Malraux, Oraisons funèbres










                               Scène de remontage de la façade du grand temple d'Abou Simbel 
                    lors du sauvetage des deux temples en 1967. Photographie de Per-Olow Anderson



"La sédentarité réduit la mobilité du corps comme celle de l'esprit"
Bruce Chatwin

Et le voyage continue ...
And the journey continues ...

nomadensolo@gmail.com



1 commentaire:

Yasmine a dit…

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