RETOUR AU MAROC




Emblème de la dynastie Alaouite, le drapeau marocain était à l'origine entièrement rouge. C'est en 1915, trois ans après le début du protectorat français que le maréchal Lyautey, officier pendant les guerres coloniales et premier résident général du protectorat français au Maroc en 1912 en a modifié le dessin en y imposant l'étoile à cinq branches, représentant les cinq piliers de l'Islam: le pèlerinage à la Mecque, la prière, la foi, le ramadan et l'aumône. Le vert quant à lui est la couleur de l'espoir et de l'Islam.


63 jours sur la route

Court séjour en Espagne d'abord...


   jolie petite ville portuaire : Tarifa



                                                                 une ruelle à Tarifa


                                                       

guitare classique à Séville





un autre détroit... Gibraltar

Ce fut par un après-midi ensoleillé de février 1957qu'apparurent les pâles bigarrures des sables jaunes et des prairies vertes qui marquaient la côte indécise et lointaine. Elle grossit à mesure que s'étirait l'après-midi somnolent, tant et si bien qu'une tache blanche qui m'intriguait depuis plusieurs heures finit par se révéler être un réservoir de pétrole dans les collines. Et soudain, lente procession de musulmans en blanc, ce furent les toits blancs posés dans l'anse du petit port de Tanger, à même l'eau. Ce rêve d'une Afrique tout de blanc vêtue sur la Mer bleue - terrible! - qui l'avait rêvé ? Rimbaud! Magellan! Delacroix! Napoléon! Ondoiement de draps blancs sur les terrasses...

Tanger grandissait, on apercevait à gauche les sables arides de l'Espagne, le saillant de Gibraltar s'arquant autour de la Corne des Hespérides, site étonnant, portique de l'antique Atlantide méditerranéenne submergée par les calottes glaciaires ainsi qu'il est dit au Livre de Noé où elle est célébrée. Ici Monsieur Hercule souleva le monde grondant comme " de rugueux rocs grondants qui végètent" (Blake). Ici, bandeau sur l'oeil, les trafiquants internationaux de pierres précieuses abordèrent armés de calibres 45 bleutés pour piller le harem de Tanger. Ici les Scipions extravagants débarquèrent pour étriller Carthage aux yeux bleus...

Le navire jeta l'ancre dans le charmant petit port et se mit à pivoter lentement sur lui-même de sorte que, tandis que je faisais mes paquets pour quitter le bord, je pouvais voir par le hublot toutes sortes de panoramas de la ville et du promontoire. Sur le cap fermant la rade il y avait une balise tournoyant dans le crépuscule bleu, comme une sainte Vierge qui me confirmait que j'étais arrivé à bon port et qu'il n'y avait rien à craindre. La ville allume de féériques petites lumières, la colline de la Casbah bourdonne, je voudrais déjà être en train d'arpenter les ruelles étroites de la Médina en quête de haschisch.

Jack Kerouac, Les anges vagabonds.


  Tanger

Cette ville qui de Pierre Loti à Paul Bowles en passant par Samuel Beckett, Truman Capote, Jean Genet, Jack Kerouac, Paul Morand, Saint-Exupéry, Tennessee Williams ou Marguerite Yourcenar pour ne citer qu'eux a fasciné nombre d'écrivains. 

      

Tanger

Le ciel du couchant est d'une limpidité profonde, dans des jaunes pâles extrêmement froids; Tanger, qui paraît dans le lointain, sous mes pieds, semble à cette heure un éboulement de cubes de pierres sur une pente de montagne; ses blancheurs en s'obscurcissant tournent au bleuâtre glacé; au-delà s'étend la mer d'un bleu sombre, au-delà encore, en silhouette d'un gris d'ardoise se désignent l'Espagne, l'Europe, une proche voisine avec laquelle ce pays, paraît-il fraye le moins possible.

Retournons-nous une dernière fois pour dire adieu à Tanger la Blanche, dont les terrasses dévalent au loin vers la mer sous nos pieds; disons adieu surtout à ces montagnes bleuâtres qui se dessinent encore de l'autre côté du détroit et qui sont l'Andalousie, la pointe extrême d'Europe prête à disparaître.

Pierre Loti (1850-1923) "Au Maroc"



                  

                       



À la recherche du monument à la mémoire de Ibn Battuta dans la casbah de Tanger... 








le voici...


Ce bâtiment simple et sobre est dédié à la mémoire d'une personnalité rendue universellement célèbre par ses voyages à travers le monde au cours du XIVe siècle.
Ibn Battuta est en effet né à Tanger le 24 février 1304. Il quitta sa ville natale le 14 juin 1325 pour effectuer le pèlerinage à la Mecque et n'y revint qu'après 29 ans d'aventures dans ce qui correspond à 44 pays actuels, après avoir parcouru l'Afrique du Nord, l'Égypte, la Palestine et la Syrie, Médine et la Mecque, l'Irak et la Perse, l'Arabie du sud, le Yémen et l'Afrique orientale, l'Asie mineure et Constantinople, la Russie méridionale et l'Asie centrale, l'Inde musulmane, les Maldives et Ceylan, Sumatra et la Chine.
Après un bref séjour à Tanger,(1346-1349), il repartit en Andalousie (Grenade) et voyagea dans le royaume du Maroc, le Sahara et l'Afrique occidentale
En 1369, Ibn Battuta mourut en laissant derrière lui le récit de son voyage, dicté à Ibn Jousay à la demande du sultan mérinide Abou Inan. L'ouvrage achevé en 1355 à Fès, s'intitule :

"Présent à ceux qui aiment à réfléchir sur les curiosités des villes et les merveilles des voyages".

Mais il est plus connu sous le nom de "Rihlat Ibn Battuta".








Je quittai Tanger, ma ville natale, jeudi 2 rajab 725, dans l'intention de faire le pèlerinage à La Mekke et de visiter le tombeau du Prophète - meilleures prières et salut sur lui !
J'étais parti, seul, sans compagnon dont la société m'aurait pu être douce et sans caravane dont j'aurais fait partie, mais j'étais incité par une ferme résolution et un désir secret de visiter ces nobles sanctuaires. Je résolus donc de me séparer de mes êtres chers et je quittai ma patrie comme les oiseaux abandonnent leurs nids. Mes parents vivaient encore et je souffris de les laisser, éprouvant de la peine, tout comme eux. J'avais alors vingt-deux ans ...




Ibn Battuta en Égypte
lythographie du XIXe siècle de Léon Benett
source : Wikimedia Commons



Environs de Oued Laou, la chaîne du Rif, un mur de 2000m.




De Tetouan, par une jolie route sinueuse, adossée à la chaîne du Rif et en balcon sur la mer, un bus local m'a amené à Oued Laou, paisible petit village de pêcheurs, rattrapé par le développement urbain.









entre Oued Laou et Targha


la mosquée de Oued Laou









À pied entre Aït Saoun et Agdz

Parti de Ouarzazate à bord d'un "grand taxi", Mercedes des années 70-80  qui ne prend la route que quand il est complet , soit 6 passagers. Ils sont quatre sur la banquette arrière, enturbanés, nous sommes deux devant  avec le chauffeur à qui j'ai demandé de me laisser à la sortie du village d'Aït Saoun pour poursuivre à pied jusqu'à Agdz. Silence total dans le véhicule qui circule dans un paysage désertique, absorbés que nous sommes par les sourates coraniques psalmodiées avec modulations admirables et inflexions troublantes qu'une radio d'un autre âge diffuse. 

Frissons. 
J'avais fait la route par le même moyen il y avait tout juste deux ans, littéralement émerveillé par la beauté de ces paysages minéraux.
Point culminant à 1660m













 Aït Saoun





























Bergers et troupeaux dans un oued, région d'Aït Arbi









Telouet

Ancien fief du Glaoui, pacha de Marrakech nommé par le maréchal Lyautey en 1918, Telouet (alt 1870m) fut pendant des siècles une étape importante sur la route caravanière reliant la côte méditerranéenne via Marrakech aux régions subsahariennes. Les droits de passage des marchandises exigés enrichirent la tribu des Glaoua  jusqu'à la fin du protectorat français en 1956.





l'Auberge Telouet et amandiers en fleur




Je vous présente Ali, berbère natif de Telouet, descendant de caravaniers éthiopiens établis dans cette commune rurale du Haut-Atlas depuis le XVIIe siècle que j'avais rencontré lors de mon passage dans la région il y a deux ans. Avec un diplôme en économie en plus de gérer l'auberge Telouet dotée de huit chambres, Ali est guide culturel de la kasbah et il se fera un plaisir de vous la faire visiter et de vous en raconter l'histoire. Il organise aussi des randonnées à pied dans la région et dans la vallée de l'Ounila avec des mulets ou des ânes. Ses montagnes n'ont pour lui plus aucun secret. Il les connaît comme le fond de sa poche. Homme cultivé, il vous parlera de choses et d'autres, économie, histoire ou littérature ainsi que de son rêve de visiter un jour l'Éthiopie pour y retrouver ses racines. 

www.telouat.net
ahdadi_100@hotmail.com
0021267 666 8982



La kasbah de Telouet

Vue de l'extérieur, il est difficile d'en imaginer la beauté intérieure, témoin d'un passé qui en dit long.
Winston Churchill et Ernest Hemingway y ont séjourné.

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Intérieur de la kasbah, Abdou assis, Ali debout à droite



Vallée de l'Ounila

À pied entre Telouet et Aït-Benhaddou




entre Telouet et Anemitèr

Quel bonheur de lacer ses chaussures de marche de bon matin et de consacrer sa journée à la découverte...


Après avoir fait quelques provisions et salué Ali, je prends la route pour Anemitèr à 11 km pour y retrouver l'oued Ounila. Ali, qui la veille m'avait prodigué ses conseils quant aux lieux d'hébergement entre Telouet et Aït Benhaddou m'avait suggéré de poursuivre sur 4 km  le chemin sur la gauche avant d'arriver à Anemitèr , et ainsi de remonter dans la montagne la vallée de l'oued jusqu'au village berbère de Tighsa (alt. 1900m) où je trouverai le gîte "Chez Ider"et où, comme le veut la coutume à travers tout le Maroc, je fus accueilli chaleureusement par Mohamed, gérant de la vaste bâtisse, occupé à faire une lessive, mais qui n'a pas perdu de temps à faire bouillir de l'eau pour le thé à la menthe en signe de bienvenue.

















Encore en activité aujourd'hui au pied du jebel Amassine, et à une dizaine de km de Telouet.





Seul sur la piste, mis à part un rare véhicule et quelques bergers menant leurs troupeaux.








entre Anemitèr et Tighsa

mon gîte ... là-haut  (alt 1900m) "Chez Ider "







aucun troupeau alentour... en contemplation sans doute.



l'oued Ounila



jour de lessive à Tighsa

jolies petites berbères








Mohamed, mon geôlier / cuisinier à Tighsa, "Chez Ider"(alt 1900m)

Copieux petit déjeuner chez Mohamed, composé d'abord d'un petit bol d'huile d'olive dans lequel on trempe le khubz, pain rond, peu élevé, d'un diamètre de près de 25 cm et d'une épaisseur  de 2 à 3 cm, puis d'une omelette, avec confiture ou miel pour finir et bien sûr l'incontournable thé à la menthe.

L'heure est venue de saluer Mohamed, de boucler le sac et de redescendre vers Anemitèr.



amandiers en fleur dans la vallée, entre Tighsa et Anemitèr









Tiourassine
















Taguendouchte








Tajegujite


Assaka

Tel que confirmé par Ali, il y a ici un gîte "Chez Abdelkarim"
mais j'ai la pêche et je continue...




en descendant vers Tizgui n'Barda où je passerai la nuit "Chez Abdelah"

Abdelah, c'est lui, sur son 4X4 berbère, qui me fait signe de la main.

Je l'ai rencontré il y a un quart d'heure, juste avant d'amorcer ma descente dans la vallée par une série de virages en épingle à cheveux, occupé qu'il était à charger sa monture tout en surveillant mon approche, se présente et m'informe qu'il est le propriétaire du gîte, qu'il ne tardera pas et que sa femme et sa fille Suad qu'il va immédiatement prévenir seront à guetter mon arrivée.
Nous dînerons plus tard en famille, chacun saisissant avec le khudz sa bouchée de nourriture, délicieux tajine-maison préparé par Suad.





sur son 4X4 berbère, le voilà qui me rattrape







Départ le lendemain après le petit-déjeuner, semblable a celui pris chez Mohamed hier matin.
Petite journée puisque je passerai la nuit à Tamdakte. Je me rendrai demain à Aït Benhaddou qui n'est qu'à 6km, terme d'une randonnée de 55 km.











Tiggrte


amandiers en fleur









dromadaires à Tamdakhte










nid de cygogne sur la kasbah de Tamdakhte


Vallée de l'Ourika


La vallée de l'Ourika proprement dite commence à une trentaine de kilomètres de Marrakech. La route remonte la vallée jusqu'à Setti Fatma à 1500m d'altitude, où, à la mi-août se déroule un important moussem, la fête des fiançailles.



















                                                                      Aït Boulman


À seulement deux heures de Marrakech, cette piste qui gravit la montagne là où la route se termine en cul-de-sac se ramifie en une série de sentiers conduisant à de petits villages berbères isolés.
Cette piste conduit aussi à Imlil, à trois jours de marche passant une douzaine de villages berbères, tels que Tadrart, Tiourdiou, Timichi, Ibassene puis passe un col à 3230m, le Tizi n Tacheddirt.

Imlil à 1740m d'altitude est aussi le point de départ de nombreux treks dans la région dont l'ascension du Jebel Toubkal, le point culminant du Maroc à 4167m. On est littéralement sur le toit du pays.
Assez de raisons de plus pour revenir un jour... Inchallah !

L'effort est TOUJOURS récompensé.



Être seul, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et chez soi partout, marcher solitaire et grand à la conquête du monde.

Isabelle Eberhardt (1877-1904)























































Et le lendemain ... Oh! surprise! Il a neigé dans l'Atlas à partir de 1200m




mon geôlier à Setti Fatma (alt 1500m)
Il ne fait pas chaud à Setti Fatma quand il fait 4 degrés à l'extérieur, qu'il n'y a pas de chauffage dans les chambres, juste un petit chauffage d'appoint dans le restaurant mais...  la double porte est grande ouverte! On se couvre...





Gorges d'Aït Mansour et oasis d'Afella Ighir


Depuis Marrakech, un car de la Compagnie de Transport du Maroc (la CTM) rejoint Tafraoute via Agadir et Tiznit en un peu plus de 8 heures. 

Tafraoute, située dans un cirque, au coeur de la vallée des Ammelne, est une tranquille petite ville berbère de l'Anti-Atlas à environ 180 km au sud d'Agadir. Chaque année se tient au début mars le festival des amandiers.

L'entrée des gorges d'Aït Mansour en est  à une vingtaine de kilomètres.

La magnifique route entre Tiznit et Tafraoute serpente dans la montagne sur 110 km dans un paysage minéral quasi désertique, route parfois très étroite et côtoyant des ravins de 2 à 300m.























Gdourt



Journée inoubliable dans ces gorges, en route pour Tiouadou .
Déjeuner sous les palmiers dattiers, sardines, khubz,  tomates, fruit, chocolat, et pour finir une de ces juteuses petites clémentines.
Ivres de bonheur, les oiseaux chantent à tue-tête.

"Je suis le roi, le scélérat à qui sourit la vie "






ksar

miracle








Tiouadou


Thé de bienvenue chez la famille Sahnoun 
à Tiouadou, où je passerai 3 nuits.

Ma chambre, matelas au sol et tapis berbères, donne sur une petite cour intérieure. Murs de pisé qui assurent la fraîcheur pendant la chaleur estivale et conservent une certaine chaleur durant l'hiver, construction selon les techniques et avec les matériaux traditionnels propres à l'architecture berbère...














Éole en furie noire ... 36 heures de grand vent à Tiouadou, un vent à rendre fou !
Et des milliards d'étoiles dans le ciel nocturne...


Et le voyage continue...
An the journey continues...

nomadensolo@gmail.com







https://youtu.be/7lTHiObYX1o?list=PLGEPX0dkP3qgXljZ4SHHBwfZl1qVY0KEz

3 commentaires:

Yasmine a dit…

Beautiful!! Belle page, de belles descriptions et de superbes photos!

Unknown a dit…

Rien à dire! c'est vraiment magnifique. Surtout les regions du sud... à mon avie c'est la plus belle partie du maroc

béa a dit…

Magnifique blog. Je viens de tetourner avec vous sur les pas traces dans ces vallees par mes propres chaussures de marche il y a quelques annees.
L Oulina, Ait Mansour, le Nord..
Superbes photos.
Merci du partage.
Beatrice