ICARIE



                                  ICARIE


Perdu à l'est de l'Égée, ce rocher vert balayé par le vent surplombant le bleu de la mer, à mi-chemin entre Mikonos et Samos, Ikaria, (250km2, 8000 hab.), cultivée et boisée dans sa partie Nord mais pratiquement désertique au Sud, est surtout connue pour la longévité exceptionnelle de ses habitants, mais aussi pour ses fêtes de village, les paniyiria (il y en a plus de cent par année) qui sont généralement organisées en l'honneur d'un saint et souvent au pied d'une église ou d'une chapelle. 

Ici, pas de grands hôtels qui bordent les plages, ni de tourisme de masse mais de simples maisons blanches, des petits villages de montagne, des petites routes sinueuses, des pistes où l'on croise des chèvres et où la vie semble tourner au ralenti.

L' île doit son nom au célèbre mythe d'Icare qui se noya dans la mer quand il tenta de voler (avec des ailes en cire) aussi haut que les dieux; en punition, Zeus ordonna au soleil de lui brûler les ailes et Icare tomba dans les eaux qui entourent l'île.



 


                                                                       Agios Kirikos

Mon point de chute venant de Patmos après une heure de navigation et située sur la côte sud-est de l'île, Agios Kirikos est la capitale administrative et le port principal de l'île. De là, longeant la côte, je rejoindrai à pied Karkinagri à l'ouest.














































                                                                             Magganitis






































































Être seul, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et chez soi partout, marcher solitaire et grand à la conquête du monde.

Isabelle Eberhardt (1877-1904)

















































































                                                                                                                                                                                                                                                    lauriers roses


                                                                           Trapalou











                                            la seule, l'unique, la Taverne Moyries à Trapalou































                                  à Karkinagri


























                                                       la Venzina entrant au port de Karkinagri

À 6h00, comme convenu la veille au soir, Effy est venue frapper à ma porte pour me confirmer, après vérification auprès des autorités portuaires que, compte tenu du bon état de la mer ce matin, le service de navette entre Karkinagri et Agios Kirikos sera maintenu.

Je me passerai de douche ce matin. J'ai neutralisé trois cafards reluisants et blindés longs de quatre à cinq centimètres qui occupaient le carré,  j'ai bouclé mon sac et filé vers le petit port. Le petit bateau que les locaux appellent la Venzina et qui relie trois fois par semaine Karkinagri / Magganitis / Agios Kirikos en deux heures, quittait le quai à 8h00.

De l'arrière-pont, et durant ces deux heures,  j'assistai au déroulement de la scène qui fut le théâtre de mon trek, durant lequel j'ai parfois sué à grosses gouttes sur une piste en balcon sur la mer et sous un ciel sans nuages, dans un paysage accidenté sur une côte découpée et dans une nature à l'état sauvage loin de toute civilisation, où presque, et avec très peu d'infrastructures touristiques.



                                             Venant de Karkinagri, on salue Trapalou en passant




























Dédale et Icare 




Cependant Dédale avait pris la Crète en aversion, et fatigué d'un long exil, il brûlait de revoir le sol natal, mais la mer le retient prisonnier. "Si Minos, dit-il, me ferme la terre et l'onde, du moins le ciel me reste ouvert; c'est par là que nous partirons. Ce prince a beau être maître de tout, il n'es pas maître des airs." Il dit, et tourne son esprit vers des inventions nouvelles. Il transforme la nature : il dispose par ordre des plumes en commençant par les plus petites : une longue était suivie d'une plus courte si bien qu'elles semblaient croître par uns gradation insensible. Ainsi voit-on la flûte rustique s'élever peu à peu formée de tuyaux d'inégale grandeur. Puis Dédale joint les plumes par le milieu avec du lin, à l'extrémité supérieure avec de la cire, et, quand elles sont ainsi disposées, il les courbe légèrement pour imiter les ailes véritables des oiseaux. Le jeune Icare se tenait auprès de lui : il manie sans le savoir l'instrument de sa perte, et, le visage riant, tantôt il court après les plumes que soulève un souffle léger, tantôt il pétrit dans ses doigts la blonde cire et retarde par ses jeux le travail admirable de son père. Lorsqu'il eut mis la dernière main à son oeuvre, l'artiste s'élève lui-même sur deux ailes, et plane dans les airs qu'il agite ...


La chute d'Icare, Pieter Brueghel l'Ancien (1525-1569)

... Il instruit aussi son fils : " Icare, lui dit-il, n'oublie pas de suivre le milieu des airs ; car, si tu descends trop bas la vapeur de l'eau appesantira tes ailes ; si tu t'élèves trop haut, l'ardeur du soleil les brûlera : vole entre deux. Je ne te recommande pas de regarder le Bouvier, ou Hélice, ou Orion à l'épée nue : guide ta course sur la mienne." En même temps, il lui enseigne l'art de voler , et lui adapte aux épaules des ailes inconnues jusqu'alors. Tout en travaillant, et en faisant ses recommandations, le vieillard sent ses joues s'humecter ; ses mains paternelles tremblent: il donne à son fils aimé des baisers qui devaient être les derniers, et s'élevant à l'aide de ses ailes, il vole le premier, plein de crainte pour son compagnon. Ainsi l'oiseau veille sur ses petits qui pour la première fois s'aventurent hors de leur nid dans les airs ; il l'encourage à le suivre, et lui apprend un art funeste. Pendant qu'il remue lui-même ses ailes, il se retourne pour voir celles de son fils. Plus d'un pêcheur essayant de prendre le poisson avec un roseau tremblant, plus d'un berger penché sur sa houlette, plus d'un laboureur appuyé sur le manche de sa charrue, les aperçurent et furent frappés d'étonnement. En les voyant fendre l'air, ils les prirent pour des dieux. Et déjà ils avaient laissé à leur gauche Samos chère à Junon, et Délos et Paros : Lebinthe était à leur droite ainsi que Calymne féconde en miel, quand le jeune Icare, prenant plaisir à ce vol hardi, abandonne son guide, et, désireux de se rapprocher du ciel, s'élève trop haut.


Le voisinage du soleil ardent amollit la cire parfumée qui attachait ses plumes. Elle se fond : il agite ses bras dépouillés, et, privé de ses ailes, l'air ne le soutient plus. En appelant son père, il tombe, dans l'onde azurée qui a pris son nom. Cependant le père infortuné, qui déjà n'est plus père, s'écrie : "Icare, Icare, où es-tu ? Dans quelle contrée te chercherai-je ?" En criant "Icare" sans cesse, il aperçut des plumes flotter sur les ondes. Alors il maudit son art ; il recueille le corps de son fils et le met au tombeau. La terre qui l'a reçu a gardé son nom.

Ovide, Les Métamorphoses, livre VIII, Dédale et Icare.






                                                La chute d'Icare, Marc Chagall. (1887-1985)



Restent des animaux d'une infinie délicatesse, puisque quelques auteurs ont rapporté qu'ils ne respirent pas et sont même dépourvus de sang. Ils sont nombreux et présentent de nombreux genres, menant une vie d'animaux terrestres ou volants. Les uns ont des pattes comme l'iule (sorte de mille-pattes), d'autres des ailes comme les abeilles, d'autres les deux comme les fourmis, certains sont dépourvus d'ailes et de pattes, et tous ont été appelés à juste titre "insectes" d'après les incisions circulaires qui, tantôt au niveau du cou, tantôt à celui de la poitrine et du ventre, séparent des parties de leur corps qui ne sont plus attachées que par un mince canal. Chez certains, la fente formée par l'incision ne fait pas un tour complet, mais elle n'est creusée que dans le ventre ou que dans la partie supérieure du corps ; l'emboîtement des articles assure la flexibilité ; nulle part ailleurs la nature des choses n'a fait preuve d'une plus remarquable ingéniosité. Dans de grands corps ou du moins dans des corps plus grands que celui des insectes, son travail a été facile, compte tenu de la docilité de la matière : mais dans ces animaux si petits, si proches du néant, quelle science, quelle puissance, quelle indicible perfection ! Où a-t-elle logé tant de sens dans le moustique, où a-t-elle déployé la vue ? À quoi a-t-elle attaché le goût ? Où a-t-elle inséré l'odorat ? Dans quelle partie a-t-elle fait naître cette voix terrible et proportionnellement si forte ? Avec quelle finesse elle a attaché les ailes, allongé les pattes, agencé une cavité vide formant comme un ventre, allumé une soif avide de sang, et surtout de sang humain ! Avec quelle habileté elle a affûté ce dard pour qu'il perfore la peau, comme s'il était de grande taille, alors qu'on ne peut l'apercevoir, étant donné sa petitesse ! Comme elle a redoublé son art en le faisant à la fois acéré pour piquer et tubuleux pour aspirer ! 

Pline l'Ancien (23-79), Histoire Naturelle, Les insectes, livre XI, 1-4



                                                        Guèpe - Silberfuchs / domaine public






                         au musée d'archéologie de Agios Kirikos, amphores du 1er siècle av. J.-C.









Puis escale d'une journée à Pythagoreio sur l'île de Samos avant de rejoindre Kusadasi sur la côte          turque en deux heures de navigation.



        statue de Pythagore ( né à Samos vers 580 av. J.-C. - vers 495 av. J.-C. ) dans le port de Pythagoreio à Samos

                                                                

Et le voyage continue ...
And the journey continues ...

nomadensolo@gmail.com

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