SIKKIM













Sikkim, an erstwhile Himalayan Kingdom became a state of the Indian Union in 1975. Here, the scenic beauty of mighty snow-capped peaks, such as the 8586 m Kanchenjunga on the Nepal-Sikkim border, mingles with the romanticism of an historical past. There are huge pine-covered forests bordering rice terraces. Sikkim's simple, sturdy, and struggling people have preserved a distinct cultural and historical identity. Its villages of quaint wooden buildings hug rugged himalayan slopes; lights of little hamlets glitter like a myriad of glow-worms in the evening. Old Buddhist monasteries perch on rocky shelves beneath the eternal snows. A mule train picks its way over the sharp rocks that pave the old trade route to Lhasa, Tibet; for here in Sikkim, is a past living in the present.


Ces photos sont tirées de deux voyages distincts faits au Sikkim, l'un en 2006 où aprés quelques jours passés à Darjeeling et dans ses environs,  je me suis rendu en 4x4 à Lachen (alt 2750m) accompagné d'un guide, Gopal d'origine népalaise et de Sonam le chauffeurl'autre, l'année suivante pour une Grande Traversée nord -sud, en trekking cette fois depuis Thanggu (alt 4125m) jusqu'à Gangtok (alt 1800m), la capitale de l'état. J'étais alors accompagné de Dorji, un tibétain de naissance, réfugié au Bouthan une vingtaine d'années, par la suite venu s'installer à Gangtok avec son épouse Nyima où ils sont maintenant propriétaires d'un petit hôtel, le "Tashi Tagey" (www.tashitagey.com) et où j'avais fait leur connaissance l'année précédente. 

Mes étapes...
Thanggu - Lachen - Chungthang - Singhik - Phodong - Kabi - Gangtok 




    enfants, région de Thanggu






à Lachen (2007)





Le Sikkim (7000 km carrés, 610.000 habitants) est devenu le 22 ème état de l'Inde en 1975.
 

Comme le dit si bien Sylvain Tesson...

"Le Sikkim n'est que chute. Chute des eaux grondant vers le sud. Chute des reliefs s'aplatissant progressivement sous des ciels de plus en plus écrasants. Chute des végétations dégueulant le long des falaises sous le poids de leur profusion" (L'axe du Loup)










Dorji, mon complice.

Fervent disciple de Lord Bouddha dont il suit les principes à la lettre. Très peu loquace, jamais une goutte d'alcool, grande empathie pour les animaux et tout aussi respectueux de la flore. Debout à 4:00 h ou 4:30 h en temps normal, méditation, exercices de respiration, une heure ou deux de yoga. Toute sa personne reflète son calme intérieur






 Le cours de la rivière Teesta depuis sa source près de la frontière Chinoise jusqu'à Rangpo aux confins du Sikkim et du Bengale occidental dévale environ  4600m.

Nuit à Lachen.
Debout à 4h30 ce matin. Nous avons deux heures de jeep sur piste himalayenne devant nous. Il faisait à peu près -5 degrés lorsque nous sommes arrivés un peu au dessus de Thanggu vers 6h50.





 Nous n'y avons pas perdu de temps ayant devant nous et pour une première journée une étape d'une trentaine de kilomètres. Dorji, en bon disciple de Lord Bouddha avait amené avec lui deux cordes de drapeaux de prières longues chacune de vingt ou vingt-cinq mètres que nous avons tendues, l'une entre deux poteaux, l'autre sur le tablier d'un pont qui enjambe la Teesta. Le fantôme d'Alexandra David Néel semble rôder encore par ici.
L'armée Indienne elle, y est bien présente et veille à sa frontière.




Nous étions à tout près de 4000 m et n'avions pas fait un kilomètre que voilà Dorji qui pénètre comme s'il entrait chez lui dans rien de plus qu'une petite baraque enfumée faite de planches et de tôle ondulée  et au sol de terre battue patinée par le temps, pour y déjeuner.
L'environnement ingrat à cette altitude dilue j'imagine l'instinct de propriété et justifie cette solidarité entre les autochtones au point que l'on puisse
pénétrer les uns chez les autres sans plus de formalités.





Juste quelques mots échangés avec la maîtresse de maison affairée à s'occuper du foyer tout en préparant du chai pendant que nous nous installions comme chez nous à une petite table basse tout près du feu et que Dorji mélangeait la tsampa. Voilà les moments que j'aime. Et combien d'autres gravés dans ma mémoire et qui, c'est drôle, semblent plus réels une fois rentré chez soi.










12% seulement du territoire sont cultivables. Les gens semblent pour la plupart vivre de leur terre et de leur petit élevage quand ils en ont un, accrochés à la montagne dans leur maisonettes faites de planches, de bambou ou de tôle ondulée et à l'intérieur desquelles  semble brûler un feu en permanence.


L'ambiance y est pastorale. Le calme complet. De beaux poulets grattent la terre, ceux-là sans doute que j'entends chanter à quatre heures le matin. Cultures en terrasses. Riz, gingembre, pommes de terre, légumes. Bananiers, bambouseraies.
C'est la saison des mandarines. Elles sont 
délicieuses. 
Le Sikkim est l'un des plus importants producteurs de cardamome. Mangan, le chef-lieu du district nord s'enorgueillit d'en être la capitale mondiale..



















Des gens très paisibles, indifférents ou curieux à notre passage et qui rarement refusent une photo, encore moins les enfants avec lesquels il faut faire vite, un simple portrait devenant  une photo de groupe en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.


Gopal à Lachen (2006)

                   petit déjeûner à Lachen (2006)































The simple and hard-working people of Sikkim comprise Nepali, Lepcha and Bhutia ethnic groups.

The Lepchas, who call themselves"Rong Pa",(ravine folks) are believed to have been the original inhabitants of Sikkim migrating from the east, along the foothills, from Assam and Burma. These people of a mild and quiet disposition, somewhat indolent, love solitude and possess an extraordinarily rich zoological and botanical vocabulary of their own.

The Lepchas today are Buddhists and are generally very devout, though, at one time, they worshipped the spirits of the mountains, rivers and forests, a natural outcome of their surroundings. Mighty snows, raging torrents, the wind and the mist, the rolling thunder and the lightning of the early rains must surely have left a deep impression on the character of a people who lived in the midst of nature's striking manifestations.



                                                                           la rivière Teesta






Distinct from the Lepchas are the Bhutias, people of Tibetan origin. The Bhutias settled down in many parts of Sikkim but in the north they were and still are traders and herdsman by occupation rather then farmers. They preferred living in the higher, cooler regions rather than in the hot, humid valleys. The religion of the Bhutias also is a form of Buddhism, specifically called Lamaism and their language is derived from the Tibetan tongue. Religious influences have always played a great part in the life of these people, and even today, the Bhutias, almost without exception, are strongly motivated by religious considerations in their daily life.






It is indeed curious that the largest group of people in Sikkim should be the Nepali, who migrated from Nepal and slowly pushed their way into the land. They are an industrious, thrifty people who have made excellent settlers rising to important positions in business and administration. With the exception of the Sherpas who are mainly in the extreme west of Sikkim, and the Tamangs both of whom are Buddhists, the Nepalis are at present all Hindu by religion, with the usual division into castes.







                                                   Dorji achète quelques provisions

grande cardamome















De la compagnie pour le petit-déjeuner à Chungthang (2007)




à Chungthang










The Teesta River (393km), the lifeline of the Indian state of Sikkim originates from the Teesta Kangse Glacier at 7068m. It flows southward through gorges and rapids and joins the Rangpo River on the border of Sikkim and West Bengal.











Pause thé


beautés de Darjeeling (2006)





Religion forms the main thread in the fabric of life of the Sikkimese.With close to 194 monasteries and Mani Lhakangs (temples) the influence of buddhism is all pervasive. Even in the remote mountain regions, near wind-swept summits, fringing monasteries or private houses, flutter the ubiquitous prayer flags.


The main monasteries are Pemayangtse and Tashiding in West Sikkim, Enchey in Gangtok and Rumtek near Gangtok, Ralong in the south, Phodong and Tholung in the north. Influencing the lifestyle and cultural heritage of the people, each monastery is host to a number of festivals which are a singular experience in pomp and pageantry.







Monastère de Rumtek (Dharmachakra Centre)
siège du Karmapa en exil en Inde, le plus grand monastère de l'himalaya oriental.
Superbe panorama sur la chaîne himalayenne.















étape à Lachen (2007)


                                                                Monastère de Lachen


"Du haut de la terrasse du monastère, je regarde les montagnes environnantes, les bois que l'hiver a jaunis et cuivrés et, plus haut, les neiges immaculées resplendissant au soleil. Le désir de m'échapper m'envahit, je suis, bien que si loin, encore trop empêtrée dans le filet qui lie au monde, à la civilisation, à ses conventions, à ses façons d'être...
 S'échapper, se libérer de soi-même et du monde que l'on porte en soi... "

Alexandra David-Néel."Journal de voyage" Lettre à son mari , 6 décembre 1914










Alexandra David-Néel (1868-1969)

Érudite orientaliste, tibetologue, exploratrice, bouddhiste et écrivain. Déguisée en mendiante puis en moine, elle fut en 1924 la première européenne à séjourner à Lhassa au Tibet alors interdit.
Partie du foyer conjugal en 1911 pour dix huit mois, elle ne revient que quatorze ans plus tard. 
Elle décède à près de 101 ans dans sa résidence de Digne-les-Bains (Basses Alpes) aujourd'hui un musée à sa mémoire.
Ses cendres avec celles du Lama Yongden (1899-1955), son compagnon de voyage devenu son fils adoptif seront dispersées dans le Gange à Bénarès en 1973.








...En somme, quand je récapitule: ces années de voyages, en tout une période de moins de dix ans, auront composé toute ma vie, car je ne compte pour vie que le temps où quelqu'un agit vraiment selon son désir .


Alexandra David-Néel."Journal de voyage"
lettre à son mari, 8 juin 1917

"Marche comme ton coeur te mène et selon le regard de tes yeux" (Ecclésiaste) était sa devise







Alexandra David-Néel (1868-1969)







murale au monastère de Lachen



le troisième plus haut sommet au monde, le Kangchenjunga (8586m)











novice au monastère de Rumtek (2006)

                                               

Dorji et Nyima



Sur la terrasse au Tashi Tagey



à Silliguri


opticien à Silliguri











 Ah! Quel heureux routard que moi à bord du Rajdhani Express 2435 de New Jalpaiguri à New Delhi via Katihar, Patna, Varanasi, Luknow, Shahjahanpur et Bareilly. Quelque 1500 km, vingt-six heures de cliquetis-clac, à regarder l'Inde profonde défiler derrière les deux fenêtres de ma confortable couchette ou carrément le nez au vent par la porte grande ouverte.




le Rajdhani express

















  






Une semaine quasiment heure pour heure que tu es de retour , mais là-bas encore mentalement. Tu te réveilles la nuit et tu es à Lachen, assis dans une cuisine à attendre ton repas du soir, observant le tranquille va-et-vient des cinq ou six personnes qui s'y trouvent. La pièce est légèrement enfumée. Pour cause, deux bûches d'un mètre environ que chacun pousse à son gré lorsqu'il le sent utile, se consument dans le foyer sur le dessus duquel chante une marmite d'eau bouillante près de quelques casseroles. Une fenêtre est entr'ouverte. Dans le coin, la maîtresse de maison, la trentaine peut-être, surveille une casserole sur un petit réchaud d'appoint tout en épluchant quelques légumes. Près d'elle, une jeune fille, la sienne sans doute, converse à voix basse avec elle. Son mari, accroupi, peu loquace, à peu près du même âge et que j'ai vu il y a quelques instants avec la moitié de l'index enfoncé dans une de ses narines, débite sur un petit billot de bois ce qui ressemble à la moitié d'un poulet dont trois petits morceaux se retrouveront plus tard en sauce dans ton bol, accompagné de  riz et curry de légumes. Près de toi, tantôt assis, tantôt debout, son aide met à l'épreuve tous les muscles de son visage pour têter goulûment à l'aide d'une paille une généreuse portion de chang, cette bière tibétaine, liqueur jaunâtre faite à partir d'orge fermentée, récompense de fin de journée. La pièce est propre. Chose que tu reverras chez Sonam à Chatten, (quelques maisons modestes) sont alignés, renversés sur une longue étagère directement sous le plafond huit à neuf chaudrons de très grande taille, beaucoup trop grands pour cette maisonnée de cinq ou six, et brillants de propreté. Ils serviront aux festivités célébrées annuellement dans le village. Une télévision qu'ils allumeront plus tard est dans un coin. Gopal, ton guide, un réfugié népalais analphabète de vingt quatre ans, conforté par une petite fiole d'alcool te confie ses états d'âme. Il souhaite se marier à une occidentale.
Ton repas servi, tu as mangé pendant que, assis près du feu, cette petite famille regardait un film de Bollywood, échangeant un mot ou échappant un rire ici et là. Après avoir dit bonsoir, tu as regagné ta chambre et ton sac de couchage, non sans être allé faire un petit tour prendre un peu d'air frais et pisser un coup, le regard figé par la beauté du ciel criblé d'étoiles. Un tel spectacle n'est visible que dans ces endroits loin du monde qui grince. Ici comme au Népal et ailleurs dans les himalayas, la nuit appartient aux chiens qui aboient pendant des heures. Mêmes plaintes répétées à intervalles réguliers, reprises au loin dans un autre registre, jusqu'au chant du coq, relayé par les moines du monastère soufflant dans leurs cornes.
Debout de bonne heure, goûtant ta liberté, tu es sorti faire un tour dans le village dominé par sa gompa.
La route longe la Teesta et monte vers le nord, vers Thangu, à une vingtaine de kilomètres de la frontière du Tibet, d'où , en 1915, de sa caverne d'anachorète où elle s'exerce aux méthodes des yogis tibétains, "un abri de roches, dont l'entrée est munie d'un mur en pierres sèches et d'une porte primitive", Alexandra David-Néel écrira quelques lettres à son mari.

 Bâti à flanc de montagne, Lachen, qui signifie "Grand Col" est un village d'environ deux cents foyers. Presque toutes ses maisons sont faites de bois. Construites sur la pente, elles reposent  d'un côté sur des pilotis permettant ainsi d'entreposer sous la maison de grandes réserves de bois coupé qui chauffe ses propriétaires et leurs repas durant l'hiver. La fumée qui s'échappe de la plupart des cheminées donne au village une atmosphère bucolique. Plus tard, redescendant du monastère vers le village, tu verras des gens vaquant à leurs occupations chacun dans leur petite cour. Ici, dans la lumière matinale, un homme sur son pas de porte, l'air concentré, un ruban à mesurer dans les mains évalue une pièce de bois. Là, une femme  étend du linge sur une corde. Calme et silence.

De retour chez toi, tu n'as pû t'empêcher de revisiter le premier volume du "Journal de voyage" d'Alexandra David-Néel, lettres écrites à son mari en 1914 et 1915. Tout est là sur ta  carte : Chöten Nyima La (alt 5819m) aux confins du Sikkim et du Tibet; Thangu, au nord du Sikkim, à environ quatre mille mètres d'altitude  où elle a habité une caverne sur un flanc de montagne escarpé ; le Koru-La dont elle a pris photo, "un paysage de neige avec les yacks en marche".

Dans la lettre à son mari du 6 octobre 1914 qu'elle remettra à un orientaliste écossais pour qu'il la poste à Gangtok...


venant du Tibet...

"L'arrivée du soleil au pied du col du Chöten est fantastique. Du haut d'une falaise sablonneuse, on voit une autre falaise à pic décorée d'érosions splendides, un ruisselet tout au fond et, dans un élargissement de la vallée, un monastère à moitié croulant en ruine. Puis derrière tout cela, loin et formidablement haut, une brèche entre deux montagnes et descendant par la cassure, un glacier gigantesque. Impossible à décrire, c'est un paysage d'un autre monde! Jamais je n'oublierai ma visite ici, c'est un des plus saisissants tableaux que j'aie rencontrés."




"Pourquoi vas-tu là, pourquoi affronter ces solitudes?"... lui écrit son mari."Pourquoi j'y suis allée vers cette terre fascinante? Eh! le sais-je? lui répond-elle. "Pour rien et pour beaucoup de raisons, parce que parmi ces vaste horizons l'on rêve, des rêves autres que ceux qui nous visitent dans les villes et que l'on y rencontre d'étranges sensations".









                                              Alexandra David-Néel et le lama Yongden





Quelques titres de son imposante bibliographie...


Journal de voyage, lettres à son mari. (1904-1917)  vol 1
Journal de voyage, lettres à son mari. (1918-1940)  vol 2
Sous les nuées d'orage. (1940)
Au pays des brigands - gentilhommes. (1933)
Voyage d'une parisienne à Lhassa. (1927)




     Gandhi Ghat à New Delhi


                        Bouddha, Jésus et Gandhi







  Et le voyage continue...
  And the journey continues...

nomadensolo@gmail.com

2 commentaires:

Yasmine a dit…

Impressionnant!!! Quelle voyage et quel blog!!

Anonyme a dit…

Wow. Really nice. I've been many times to Nepal. Sikkim is definitively on my list.
Philip