Trois heures de train depuis la gare centrale d'Athènes (Larissa) jusqu'à Paleofarsalos, puis deux heures de car jusqu'à Kalambaka. À pied jusqu'à Kastraki (3km), petite localité de 1000 habitants environ à 275 m d'altitude où j'ai établi mon quartier général.
La ville de Larissa n'est guère éloignée des monastères des Météores. Je n'avais pas pensé m'y rendre mais la rencontre le soir même d'un photographe qui m'hébergea chez lui pour la nuit et me parla des météores où il séjournait fréquemment me fit changer d'avis. Je me réveillai tôt le lendemain et dès l'aube attendis le premier camion, à la sortie de Larissa. Une heure après, au moment même où le soleil inondait la vallée, je me trouvai à Kastraki, au pied des monastères. Ils se dressaient à quelques centaines de mètres du village, falaises massives aux formes fantastiques, pics érodés par l'action des eaux, creusés de petites gorges entre les parois abruptes des rochers. Ainsi estompés dans le brouillard de l'aube, ils évoquaient des draperies de pierre, des cataractes immobiles, tout un monde qu'une main géante aurait poli et façonné par jeu ou par ennui. Au sommet de l'un des pics, on voyait les toits d'un monastère et le long des murailles, l'escalier taillé dans le roc. Je m'allongeai un instant dans la prairie couverte de rosée. Des troupeaux de moutons paissaient un peu plus loin. Un chien vint me flairer. Le berger le siffla et me fit un signe amical de la main. Harassé par le voyage, pourtant très court mais effectué sur un camion au milieu de fûts de mazout, je m'endormis avec, comme ultime vision, les rayons du soleil levant au pays de la fée Carabosse.
Jacques Lacarrière, L'été grec
Le monastère Agios Stefanos Anapafsas
Dans un paysage de pitons de grès presque inaccessibles, des moines anachorètes s'installèrent sur les "colonnes du ciel" dès le XIème siècle. Lors du grand renouveau de l'idéal érémitique au XVème siècle, vingt-quatre monastères ont été bâtis au prix d'incroyables difficultés, qui offrent d'excellents exemples d'architecture monastique.
C'est probablement à partir du XIème siècle que des ermites et des ascètes ont commencé à s'installer dans cette région extraordinaire. À la fin du XIIème siiècle, la petite église de Panaghia Doupiani "Skete" a été construite au pied de l'une de ces "colonnes du ciel", où des moines avaient déjà élu domicile. Pendant la redoutable période d'instabilité politique en Thessalie au XIVème siècle, les monastères ont été systématiquement construits au sommet des pitons inaccessibles et, vers la fin du XVème siècle, vingt-quatre monastères avaient été bâtis. Beaucoup ont été construits ou rénovés au cours du XVIème siècle, période de prospérité et d'épanouissement du monachisme aux Météores.
Des peintres célèbres sont venus dans les monastères des Météores, tels que Théophane le Crétois et Frangos Katelanos, experts des modèles paléologues de l'art byzantin. Ils ont peint les églises et jeté les bases de la peinture murale post byzantine avec, toutefois, des influences et des emprunts importants à l'art italien. Considéré comme le fondateur de l'École crétoise de peinture, Théophane le Crétois a travaillé dans le monastère de Saint-Nickolas Anapafsas en 1527. Les fresques du XVIème siècle dans les monastères constituent un tournant dans le développement de la peinture post byzantine. Les monastères des Météores ont continué à prospérer jusqu'au XVIIème siècle. Aujourd'hui, seul quatre monastères (d'Agios Stefanos, d'Aghia Triada, de Varlaam et du Grand Météore) sont encore occupés par des communautés religieuses.
https://whc.unesco.org/fr/list/455/
Établi au XIVème siècle, c'est un minuscule monastère d'une simplicité touchante. Trois moines y résident. Construit sur un étroit plateau rocheux, il se distingue par son architecture verticale, adaptée à l'étroitesse du rocher et s'élève sur plusieurs niveaux superposés. Le catholicon (l'église principale) occupe le deuxième étage et est orné de fresques réalisées en 1527 par le célèbre peintre crétois Théophane le Crétois.
D'ici on saisit mieux tout à l'entour le travail inouï des siècles et des eaux. Rochers arrondis, bosselés, craquelés par endroits de gerçures comme de gros pachydermes broutant les abysses de la terre. Il émane de ce paysage une sorte de douceur tranquille, ce grand calme qui suit les cataclysmes apaisés. Jacques Lacarrière
Né en 1925, à Limoges, Jacques Lacarrière passe son enfance à Orléans puis obtient une licence de lettres et de droit à Paris. En 1950, il part à pied en direction de l'Inde mais s'arrête finalement en Grèce et au Proche-Orient. Il séjourne jusqu'en 1966 à Hydra et Patmos. En 1967, après le coup d'État des colonels en Grèce, Jacques Lacarrière revient en France et s'installe en Bourgogne, sa région d'origine. Écrivain nomade et libertaire, Jacques Lacarrière se nourrit des pays qu'il traverse et publie de nombreux essais (sur Sophocle, Pausanias, Hérodote ou les anachorètes d'Égypte et de Syrie) et des récits de voyages (L'été grec, Plon, 1976). Il reçoit en 1991 le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.
Jacques Lacarrière est décédé le 17 septembre 2005. Ses cendres ont été dispersées au large de l'île de Spetses.
Le monastère de Roussanou
Fondé au XIVème siècle, le monastère de Roussanou, également connu sous le nom de monastère de Sainte-Barbara est un couvent depuis la fin des années1980. C'est un complexe de trois étages. L'intérieur du monastère est modeste, mais les jardins sont fleuris et l'ambiance agréable. Un petit sentier qui continue derrière Roussanou mène à de grandes dalles rocheuses offrant un panorama éblouissant sur la vallée.
Le monastère de Varlaam
Fondé en 1517. Les fresques intérieures réalisées en 1548 par le peintre Frangos Katelanos sont remarquables par leur richesse iconographique. Varlaam permet aussi de voir de près, dans la tour Vrizoni, l'ancien treuil à paniers et filets, toujours en état de marche qui servait à hisser vivres et matériel et parfois les moines eux-mêmes jusqu'au sommet.
La tour Vrizoni
Autrefois, on hissait les voyageurs dans des filets remontés par des treuils. On ne les utilise plus aujourd'hui, si ce n'est pour les marchandises encombrantes.
Ces photos en noir et blanc sont de Kostas Balafas
Photographe de guerre, célèbre pour ses photos durant la seconde guerre mondiale et la Résistance en Grèce est surtout connu pour ses scènes de la vie quotidienne et pour ses films de la Résistance grecque pendant la guerre.
Il a enregistré sur la caméra la lutte du peuple grec contre les armées d'occupation nazie et italienne, bien conscient qu'il enregistrait des moments historiques pour les générations futures. Notons que Balafas a commencé à filmer avec des pellicules littéralement tombées du ciel d'un bombardier italien.
(Grèce Hebdo, 13 oct 2011)
Avoir le culte de l'instant
De retour du monastère de Varlaam, avant que le soleil ne se transforme en fer à souder, allongé sur un muret de pierres plates à contempler l'azur à travers le tamis des arbres en attendant que midi sonne à l'église et de traverser la rue pour déjeuner d'une moussaka à la taverne To Kalami.
Le monastère d'Agia Triada
Le monastère d'Aghia Triada (Sainte Trinité), perché sur un rocher escarpé est l'un des plus isolés des Météores. Il est accessible en une quarantaine de minutes au départ de Kalambaka, par uns sentier escarpé et 145 marches directement taillées dans la roche. L'intérieur du catholicon construit en 1475 est décoré de fresques peintes par les moines Antonios et Nikolaos. Un balcon offre une plateforme panoramique d'où l'on embrasse toute la plaine de Thessalie et la ville de Kalambaka.
"Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce qu'on possède déjà"
Saint Augustin
"Et le voyage continue..."
"And the journey continues..."
nomadensolo@gmail.com





















































































1 commentaire:
What a place. I never knew this existed -- crazy to think they hauled visitors up in sacks, back in the day! What an amazing place to have visited.
Enregistrer un commentaire