JORDANIE


 
                                   Jordanie

    Capitale : Amman
    Roi : Abdallah II
    Devise : Dinar jordanien 
    Population : 11,15 millions (2021)
    Langue officielle : Arabe







De l'aéroport d'Amman, je file direct non pas vers la capitale mais vers Madaba,"la ville des mosaïques" (alt. 850m) à environ 35 km au sud-ouest. De là, je me rendrai à Pétra distante de 220km par la panoramique et culturellement intéressante "Route du roi", puis reviendrai à Madaba par la monotone route du Désert.



Le mont Nebo est situé à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Madaba. Vue magnifique sur la mer Morte, l'oasis de Jéricho et les monts de Judée. C'est au mont Nébo que Moïse serait mort après que Dieu lui eut montré la Terre promise.



Moïse apercevant la Terre promise

Frederic Edwin Church (1826-1900)

Moïse monta des steppes de Moab au mont Nébo, à la cime du Pisgah, qui est en face de Jéricho, et Iahvé lui fit voir tout le pays : Galaad jusqu'à Dan, tout Nephtali ainsi que le pays d'Ephraïm et de Manassé, tout le pays de Juda jusqu'à la Mer Occidentale, le Négeb et le Circuit, la vallée de Jéricho, ville des Palmiers jusqu'à Soar. Puis Iahvé lui dit : "Voici le pays que j'ai promis par serment à Abraham, Isaac et Jacob, en disant : À ta race je le donnerai! Je te l'ai fait voir de tes yeux, mais tu n'y passeras pas!"

C'est là que mourut Moïse, le serviteur de Iahvé, au pays de Moab, sur l'ordre se Iahvé, et on le mit au tombeau dans la vallée qui est au pays de Moab, en face de Beth-Peor, mais personne n'a connu sa tombe jusqu'à ce jour. 

                                                                Deutéronome : XXXIV, 1- 6







                                                     la Terre promise vue du mont Nebo
                                                            sur la gauche, la mer Morte






                                                                           Jéricho


                                La route du roi


                                     Madaba

Madaba est la plus importante ville chrétienne de Jordanie. La ville fut, à l'époque byzantine, une véritable école de mosaïstes. Elle retrouve aujourd'hui la splendeur de cet art grâce au travail des archéologues qui révèlent peu à peu un musée à ciel ouvert.





















































                                                                     Madaba en 1907

Le grand tremblement de terre de 749 détruisit une grande partie de la ville. Abandonnée par ses habitants, la cité reprend vie à la fin du XIX ème. 
Ces photos ont été prises par Raphaël Savignac (1874-1951) et Antonin Jaussen (1871-1962) au cours de leurs nombreuses visites à Madaba et ses environs entre 1902 et 1911. Plusieurs milliers d'entre elles sont conservées dans des caisses en bois dans les archives de l'École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem. L'importance de ces photos réside dans le fait qu'elles constituent des documents historiques reflétant les aspects socio-économiques et humains de la ville de Madaba depuis qu'elle a revu le jour en temps que village ottoman au tout début du XXème siècle. Aspects de la vie bédouine et de la vie rurale qui continuent d'être légués de génération en génération.













                                Les soeurs du Rosaire avec les jeunes filles de l'école en 1905






                                            Le centre de la ville aux environs de 1905.



                             Wadi Mujib

Un époustouflant point de vue à 800 m d'altitude avant d'amorcer la descente dans le wadi Mujib, un profond et spectaculaire canyon ou serpente la route sur une quinzaine de kilomètres.
































                                 Al Karak



                                                                 Château de Al-Kérak
                                                        source photo Wikipedia modifiée


Les Croisés l'ont appelé le krak des Moabites ou Kérak de Moab comme cela est indiqué dans les livres d'histoire. Le château fort se situe au sud d'un plateau rocheux. C'est un bel exemple d'architecture des Croisés, un mélange de style européen, byzantin et arabe. 


L'art et la nature avaient concouru à rendre cette citadelle imprenable. Construite en 1142 en dure roches volcaniques rouges et noires à peine dégrossies par Payen le Bouteiller, c'était l'une des meilleures défenses du royaume. Se dressant sur un vaste plateau, le Djebel el Teladje, éloignée de tout centre, dominant le désert de Transjordanie et les paysages desséchés de la mer Morte, cette impressionnante citadelle communiquait par un
seul couloir avec la ville de Kérak remontant à une haute antiquité. C'est de là que partit Ruth la Moabite pour se rendre à Bethléem  où elle devait épouser Booz, ancêtre de David. C'est à Kérak (Kir Moab ou Kir Hasereth de la Bible) que David amena ses parents pour les mettre à l'abri des persécutions de Saul. Mesa, roi de Moab, s'enferma dans sa forteresse et tint en échec Joram, roi d'Israël et Josaphat, roi de Juda. Isaïe et Jérémie parlent de Kérak dans leurs immortelles prophéties.
Albert Champdor, Saladin, le plus pur héros de l'Islam





                                        Renaud de Châtillon, né vers 1120, mort le 4 juillet 1187

J'avais rencontré ce Renaud de Châtillon dans mes lectures, j'ai croisé son fantôme par hasard sous un puits de lumière dans les galeries souterraines de cette impressionnante forteresse depuis laquelle il avait reçu la mission de défendre la principauté d'Outre-Jourdain.

Les chroniques évoquent un homme brave entre tous, téméraire, exalté, qui incarne à la perfection l'idéal de chevalerie imaginé par Bernard de Clairvaux : 
"S'il meurt, c'est pour son bien, s'il tue, c'est pour le Christ.




Fils cadet d'un pauvre seigneur de Châtillon-Coligny près de Gien, Renaud était venu en Terre sainte davantage en quête d'aventures et de preux exploits que pour des motivations religieuses. Par d'extraordinaires circonstances, il devint prince d'Antioche avant d'être retenu prisonnier près d'Alep environ seize années, détention qu'il mit à profit pour apprendre à connaître la langue et la coutume de ceux qu'il venait combattre. Pendant dix ans, Renaud mena la vie dure aux forces de l'Islam. Il tenta en 1183 par voie de mer une expédition fantastique à l'assaut des cités saintes de l'Islam, La Mecque et Médine, faisant frémir d'effroi le monde musulman. Pendant plus d'un an son expédition pilla toutes les cités des bords de la mer Rouge jusqu'au Yémen et à Aden, mais ne parvint pas à prendre ces villes. Pour se venger, Saladin en personne vint assiéger le Krak mais tous les efforts des Sarrasins, dit le chroniqueur arabe Kemal ed-Din, avaient été paralysés par la profondeur des gigantesques fossés de Kérak. (...)
Un fait est certain : C'est que malgré un terrible siège, Kérak résista. L'année suivante, Saladin attaqua de nouveau le Krak ; cette fois encore l'attaque fut d'une violence inouïe. (...)
À la fin de l'an 1186, à la suite d'une entrevue avec le roi (de Jérusalem) Guy de Lusignan, Saladin offrit de prolonger la trêve qui allait expirer à Pâques. Guy s'empressa d'accepter cette proposition tant la faiblesse du royaume était grande...

                                                 

... Mais presque au même moment une nouvelle agression de Renaud, razziant une caravane, vint mettre à néant tous les avantages d'une trêve inespérée et amena avec Saladin une brouille aussi affreuse que définitive. Le sultan apprenant que sa propre soeur avait été capturée par Renaud lors de ce coup de force, jura de tuer celui-ci de sa propre main. Aux demandes du sultan comme du roi qui attendaient de lui qu'il rendît sa prise, Renaud répondit qu'il était seigneur de sa terre, comme le roi l'était de la sienne, et que pour lui il ne pouvait y avoir de trêve véritable avec les Sarrasins...




... Dès ce moment, Saladin prépara son armée, qui était au faîte de sa puissance et, après une courte campagne qui débuta une nouvelle fois par une tentative infructueuse de prendre Kérak, défit complètement le 4 juillet 1187 la fine fleur de la chevalerie franque aux Cornes de Hattin, près de Tibériade, après un combat de titans dont l'issue avait longtemps oscillé et qui eût pu être différente. "L'année 583 de l'hégire (1187), écrit Imad ed-Din, l'année de la défaite de Hattin, de la conquête du littoral fut la plus heureuse pour l'Islam..."


                                   Saladin et Guy de Lusignan après la bataille de Hittin en 1187
                 source : "Medieval Petra",  Italian Archeological Mission, Université de Florence
































... Au soir de la bataille, Saladin fit défiler devant lui ses prisonniers. Quant au prince de Kérak, prisonnier lui aussi, on se rappelle que Saladin avait promis de le faire disparaître du monde des vivants. Une tradition latine incertaine raconte que, se trouvant devant Renaud, Saladin lui aurait demandé ce qu'il aurait fait de lui s'il avait été à sa place, et que Renaud ayant répondu qu'il lui aurait coupé la tête, Saladin le décapita sur l'instant de sa propre épée...






... Ainsi périt, à l'âge d'au moins soixante ans, l'illustre Renaud de Châtillon, ex-prince d'Antioche, seigneur de la terre d'Outre-Jourdain, de la main du plus fameux des Sarrasins.

extrait d'un texte de Christian Marquant, Directeur du Centre international d'histoire religieuse (CIHR) 

                 
                                                          Mort de Renaud de Châtillon (BNF)

                               
                              Petra



Le Siq s'ouvre sur la façade la plus magnifique de Petra : le Trésor, ou Al Khazna. Il mesure près de 40m de hauteur et est finement orné de chapiteaux, frises, chiffres, etc. Le Trésor est couronné par une urne funéraire, qui, selon la légende locale, dissimule le Trésor du pharaon. Bien que la fonction d'origine soit toujours un mystère, le Trésor a été probablement construit au 1er siècle av. J.-C.



Nul ne sait précisément quand Petra a été construite, mais la ville a commencé à prospérer comme la capitale de l'Empire nabatéen au 1er siècle av. J.-C., et s'est enrichie grâce au commerce de l'encens, de la myrrhe et des épices.
Petra a ensuite été annexée à l'Empire romain et a continué à prospérer jusqu'à ce qu'un tremblement de terre, en 363 ap. J.-C. détruise une grande partie de la ville. Le tremblement de terre combiné au changement des routes commerciales, a finalement conduit à la chute de la ville qui fut finalement abandonnée. Vers le milieu du VIIe siècle, Petra semble avoir été largement désertée et elle a ensuite été perdue pour tous, sauf pour les Bédouins de la région.



   
  



  Burckhardt Jean-Louis. 
  (Lausanne     1784- Le Caire 1817)

 
 





Explorateur précoce des régions mal connues du   Moyen-     Orient, après des études en Allemagne, il   part en 1806 offrir   ses services à l'Angleterre. Suite   à  sa rencontre en 1808 avec   le président de l  '   African  Association, Sir Joseph Banks, il va   être   investi d'une mission : résoudre le problème des   sources   du Niger et, chemin faisant, être le premier   occidental à   visiter la légendaire Tombouctou. C'est   pour s'y préparer   que  Burckhardt commence par   étudier l'arabe (ainsi que   des  rudiments de   médecine et d'astronomie) à Cambridge   avant de   partir au Levant en 1809 où il adopte le costume   oriental. Converti formellement à l'Islam, il va se présenter   sous le nom de "cheikh Ibrahim". C'est donc à titre   d'exercices préparatoires qu'il réalise alors, en peu   d'années,  quelques expéditions si remarquables qu'une   seule aurait suffi à faire sa gloire. Il sillonne ainsi  l'       hinterland syrien : Damas, Alep, le Hauran, le mont Liban, la Palestine, avec les villes anciennes de Baalbek, Palmyre mais surtout Petra, la cité légendaire. En Égypte, après 1812, il remonte le Nil jusqu'à Assouan et Dongola, découvrant au passage les colosses d'Abou Simbel, et il organise, en relation avec le consul anglais Salt, le transbordement depuis Thèbes de la tête colossale de Ramsès II qui allait être acheminée par Belzoni vers le British Museum. (...) Il meurt de dysenterie au Caire alors qu'il s'apprêtait à se joindre à une caravane transsaharienne qui, par le Fezzan, le rapprochait de son objectif : Tombouctou. C'est René Caillé qui allait avoir la primeur, en 1828, du témoignage sur la mystérieuse cité. (...)
L'essentiel est quand même le fait qu'il ait vécu pour de bon cette époque héroïque des découvertes, comme il le souligne dans un texte célèbre relatant sa découverte du site de Petra le 22 août 1812 : "Je regrette de ne pouvoir en donner une description très complète, mais je connaissais bien le caractère des gens qui m'entouraient : j'étais sans protection au milieu du désert où aucun voyageur n'avait jamais été vu et un examen plus attentif de ces ouvrages des infidèles, comme on les appelle, aurait excité le soupçon. On m'aurait pris pour un magicien à la recherche de trésors. (...) On m'aurait dépouillé du peu d'argent que je possèderais et, ce qui était infiniment plus précieux pour moi, de mon journal.

François Pouillon










Pétra est également connue sous le nom de la cité rose, un nom qu'elle obtient à cause de la magnifique couleur du rocher avec lequel un bon nombre de structures de la ville ont été sculptées. Les Nabatéens enterraient leurs morts dans des tombeaux qui ont été découpés dans les flancs de la montagne. La ville avait aussi des temples, un théâtre, et suite à l'annexion romaine et plus tard avec l'influence des Byzantins, une rue à colonnades et églises.










Le Siq

Cette gorge étroite mène les visiteurs à Petra. Le Siq résulte d'une fissure naturelle de la montagne de 1200 m de long. Deux canalisations d'eau longent les deux côtés de la roche. Tout en présentant une entrée spectaculaire à Petra, le Siq détient également de nombreux vestiges du passé de Petra, incluant une route pavée, la Station Sabinos Alexendros et des bétyles nabatéens (pierres sacrées).











       Randonnée vers le sommet du mont Hor, 
              (le mont Aaron, djebel Harun)
 
Ma plus belle journée en Jordanie. En chemin à 6h50 après un solide petit-déjeuner, 3 litres d'eau dans mon sac, quelques figues, quelques dates, quelques biscuits, deux fruits, je laisse Petra aux troupeaux de touristes et prends la direction du mont Hor, aussi appelé mont Aaron (djebel Harun). Randonnée en solo de 25 km aller-retour. Journée bien remplie.

Au départ du colossal Qasr el-Bint, le bâtiment religieux le plus important de Petra,  édifié par les Nabatéens vers la fin du 1 er siècle av. J.-C. et que le séisme  de 363 n'a pas même mis à terre, un petit chemin sur la gauche se transforme sur quelques centaines de mètres en route de terre battue.  La direction se révèle ensuite par endroit beaucoup moins évidente. J'avais un tracé GPS obtenu sur l'application maps.me qui s'est révélé très utile pour ne pas dire indispensable et que je recommande fortement à ceux qui tenteraient comme moi cette belle aventure sans être accompagné d'un guide. Indispensables aussi, de bonnes chaussures de trek et chapeau  car pas d'ombre et le chemin non balisé est par endroits très caillouteux, prévoir une bonne réserve d'eau (3 litres minimum), partir de bonne heure et par prudence, avec un numéro à contacter au cas où.  
La dernière heure de marche est la plus dure, sans difficulté majeure mais ça grimpe : le mont culmine a 1396 m ce qui représente un dénivelé positif d'environ 500 m par rapport à Petra.
Un pur moment de bonheur m'attendait au sommet sur la plateforme avec un panorama grandiose sur le wadi Araba.

Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur.

"On s'empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour".
Nicolas Bouvier, L'usage du monde



















































                                                 Le mont Aaron (le mont Hor, djebel Harun)



Toute la communauté des fils d'Israël partit de Qadès et ils arrivèrent à Hor, la montagne. Iahvé parla à Moïse et à Aaron, à Hor, la montagne, sur la frontière du pays d'Édom, en disant : "Aaron va être réuni à ses aïeux, car il n'entrera pas au pays que je donne aux fils d'Israël, puisque vous avez été rebelles à mon ordre aux eaux de Meribah. Prends Aaron et son fils, Éléazar, fais-les monter à Hor, la montagne. Dépouille Aaron de ses habits et tu en revêtiras Éléazar, son fils. C'est là qu'Aaron sera réuni et mourra".
Moïse agit selon ce qu'avait ordonné Iahvé : ils montèrent à Hor, la montagne, sous les yeux de toute la communauté. Moïse dépouilla Aaron de ses habits et en revêtit Éléazar, son fils. Là mourut Aaron, au sommet de la montagne, puis Moïse et Éléazar descendirent de la montagne. Toute la communauté vit qu'Aaron avait expiré et tous ceux de la maison d'Israël pleurèrent Aaron durant trente jours.

Nombres : XX, 22-29





































                                              La tombe de Aaron, David Roberts (1796-1864)












"Et le voyage continue ..."
"And the journey continues..."

nomadensolo@gmail.com

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